L’instinct de survie au-delà des étoiles

Boulem Sansal a toujours été pour moi mon Bagdad café (1988). Un objet culturel tant vanté, célébré, que l’on rechigne à s’y confronter. Soit que la coupe est pleine : trop de compliments tuent le compliment. Soit que l’on se dit que l’on verra plus tard. On décale. On attend. Peur d’être déçue… Pour le film de Percy Adlon, ce fut le cas. On me l’avait tant embelli que j’en fus déçue. Frustrée.
Pour Sansal, tout le contraire. La gouaille et le second degré vous tiennent dès les premières pages. Ajouté le sujet trépidant et le style qui se déploie. Si bien que j’ai commandé au Père Noël le gros volume Quarto qui regroupe les romans de 1999 à 2011.
Cette dernière livraison nous entraîne dans une dystopie pas si saugrenue : venu de l’espace, un signal télépathique est perçu par certains Appelés, pour les prévenir d’une catastrophe imminente. La fin de la Terre. Mais pas de panique, on vous envoie un vaisseau. L’arche de Noé cosmique, en quelque sorte. Sauf que 8 milliards d’individus ne s’embarquent pas dans un claquement de doigts. Il va donc falloir faire une sélection. Qui ? Comment ?
Un petit groupe se reconnaît et s’unit pour affronter l’impensable. Sans parler des parasites officiels que sont les politiciens, les agences de renseignements, etc. Fable noire et cynique de notre monde en déliquescence, ce roman porte aussi un humour décalé. Car au point où nous en sommes, Boulem Sansal préfère en rire qu’en pleurer… D’ailleurs, nos amis extra-terrestre sont bien plus futés que l’on croit, et la chose va se passer sans émeutes ni guerres…
Mais une fois l’humanité sauvée, quid de la suite ? C’est là que le roman s’enlise un peu, à la toute fin, dans des stratégies d’au-delà les galaxies. Il fallait bien une fin. Une chute. La vie serait éternelle, sinon…

Annabelle Hautecontre

Boulem Sansal, Vivre – Le compte à rebours, Gallimard, janvier 2024, 233 p.-, 19€
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