La Maison des belles personnes, dans les secrets de famille

Quand Pablo Rouvio, un psychanalyste accepte de recevoir tard le soir une jeune fille inconnue, il est loin de se douter dans quelles abîmes cette consultation va le mener.

La jeune femme est en souffrance, sa requête est étrange : elle demande au médecin d'établir un certificat indiquant que son frère actuellement dans une "maison de repos" est bien le meurtrier de leur père.
C'est avec circonspection que le psy va se plonger dans l'histoire de la famille Vanussi, aussi puissante que respectée.

Le père, un industriel, a été retrouvé mort à quelques encablures de leur maison, "La maison des belles personnes" et le fils aîné, très perturbé, s'est accusé du meurtre. Il s'agit uniquement pour le médecin de le déclarer irresponsable, ce qui au vu de son état serait d'une facilité certaine.  Mais Rouvio qui n'aime pas les solutions trop évidentes va rencontrer les vivants et étudier les défunts de la famille.
La mère d'abord, belle, artiste, altruiste morte d'un cancer quelques années plus tôt. Le père  tué par arme blanche qui s'avère être un truand et un organisateur de soirées où de très de jeunes filles et de vieux hommes de pouvoir se rencontraient la nuit pour des heures immondes dans le jardin de la maison familiale.
Il y a Javier, le fils, coupable tout désigné qui gît dans un coma provoqué dans une clinique tout confort. Il y a Camilla la jeune virtuose de treize ans qui à force d'avoir vu ou entendu ce dont un enfant devrait être protégé a la maturité d'une femme de vingt ans. IL y a Paula, la trop belle et trop sage Paula qui cherche à sauver ses frères et sœurs de la ruine de la famille Vanussi au risque de perdre sa dignité.
Et puis il y a les menaces dont le médecin est la cible. Le patriarche savait s'entourer d'hommes de main qui ne reculent devant rien : photos des proches, filatures. Alors que le bon sens devrait le persuader de ne pas exposer ses proches, sa vie même Rouvio s'entête et met à jour un mystère qui pourrait libérer les jeunes Vanussi de l'empreinte de leur passé.

Policier sans l'être vraiment, ce roman ambitieux ne lève le voile qu'a à la fin d'un suspens bien mené. La mort du méchant ne suffit pas à ramener à la vie les vivants, le psychiatre détective doit subtilement comprendre ce qui ressort de la médecine et ce qui est de l'action policière.
Pour ce premier roman, le psychanalyste Gabriel Rolon, figure médiatique de Buenos Aires, réussit un livre complexe et attachant sous la fausse identité d'un thriller.

Brigit Bontour

Gabriel Rolon, La Maison des belles personnesBelfond, janvier 2013, 378 pages, 19,50 euros

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