Le regard et le temps : Blandine du Parc

Les photographies de Blandine du Parc sont des apories, des fables, des chroniques. 


L’artiste y accorde au regard une durée dans une approche à la fois théorique et poétique : l’image met sous les yeux ce qui se dérobe et ce qui s’espère en une quête suprême. Jamais pourtant Blandine du Parc ne semble pouvoir atteindre l’image idéale dont elle rêve. Néanmoins elle touche une figuration qui s’efface dans le temps même où elle s'engendre et crée le rêve aigu d’une perception aussi majeure que fuyante. Le temps est à peine cristallisé là où tout semble se décaler, fuir, se dérober et pour reprendre la formule de Jean Burgos où  "rien ne colle". L’image  n'adhère plus aux apparences du monde en un décalage du motif  souvent par effet de divers types de « miroirs ».

 

Par delà le motif la photographie dans une approche sensible rejette tout ce qui ne lui est pas autonome. Est atteinte une matière ostensiblement absente. Elle appelle le regard dans des paysages qui se libèrent des contraintes spécifiques de la spatialité « picturale » admise. Miroir l’image ne filtre  que du temps mort ou en attente. Le regardeur n’a plus la sensation de se retrouver en face mais dedans tout en se sentant malgré tout exclu en une perspective que l’artiste précise lorsqu’elle affirme que « certains seuils ne peuvent être franchis, que les choses ne peuvent pas toujours être captées, mais seulement approchées ». Estimant que la certitude de l'expression est un acte impossible Blandine du Parc  parvient à lui donner contrepartie visuelle. Photographe de l’empêchement elle trouve une voie qui évite le retour à la vieille naïveté réaliste comme à la tentative de vivre en  pays conquis. Elle s’oriente vers l’appel d’une communauté à construire dont la photographie est l’appel muet mais puissant.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Blandine du Parc,  « L’inattendu à sa fenêtre », L’Antre Autre, 11 rue Terme, 69001 Lyon, du 4 au 30 mars 2014 .

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