Les fantômes de Gabrielle Wittkop

Il est rare de pouvoir lire un inédit d’un auteur mort en… 2002. Un auteur, et non une auteure – voire une autrice – comme certaines féministes hystériques se complaisent à salir la langue française, pensant ainsi égratigner les hommes qu’elles haïssent sans trop savoir pourquoi. D’ailleurs, Gabrielle Wittkop , homosexuelle assumée, revendiquait avoir voulu mourir comme j'ai vécu : en homme libre. À méditer pour certaines…
Mariée à un déserteur allemand, homosexuel lui aussi, elle vécut à Francfort ce mariage d’intelligence et publia même en langue allemande. Mais c’est ici bien en français que nous avons le plaisir de retrouver cette gouaille décalée servie par une érudition lexicale et un style lyrique. Une manière de parler légèrement de choses graves.

Voilà qu’un homme se pend dans sa maison, et qu’au fil des années, les locataires et propriétaires successifs vont visualiser une sacoche en moleskine qui apparaît ici, disparaît là, reparaît ailleurs pour mieux s’évaporer dès qu’un chat s’approche ou que l’intensité de la lumière se modifie. Est-ce une hallucination ou bien la matérialisation d’un fantôme, ce fantôme de l’être suicidé qui ne parvient pas à trouver le repos de son âme ?

Joli prétexte pour nous compter un peu plus de cent ans de la vie d’une grosse villa cossue de la banlieue parisienne, et ainsi dresser des portraits piquants de vérité de tout ce joli monde, peintre, couple d’hommes et de femmes, avec ou sans enfant, psychopathe ou névrosé, réfugiés ou escroc ; la société humaine observée par le petit bout de la lorgnette dans quelques mètres carrés… C’est jubilatoire, subtile, enrichissant, parfois glaçant, souvent drôle. Un carnet de route d’une bâtisse pas comme les autres traversée de destins hors du commun.

 

François Xavier

 

Gabrielle Wittkop, Les héritages, Christian Bourgois, octobre 2020, 172 p.-, 17 €

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