De la bonne folie des grandeurs – Kaamelott (premier volet)

 

Du cadre fermé du petit écran à celui du cinéma à grand spectacle Alexandre Astier a franchi le pas sans coup férir. Son heroic fantasy – apprise moins chez le Sacré Graal des Monty Python que dans les manuels de jeux de rôles médiévaux avec leur philosophie et leur coutume – passe aisément au statut de blockbuster. Celui-ci possède le mérite de la sincérité, de l'intelligence au service d'un comique qui ne se limite pas à divertir.

Alexandre Astier comme toujours a su trouver le rythme (il fut d'abord musicien) inhérent au format qu'il choisit. Bref même en reprenant ses héros récurrents auxquels s'ajoute une nouvelle jeunesse. Elle  peut s'incarner parfois par des  chevaux de retour afin de pimenter la  saga : Guillaume Galllienne, Clovis Cornilhac et Sting sont en effet de cette version arthurienne.  Le réalisateur évite  le conformisme tout en suivant la ligne et l'esprit de la série primitive et ses divers couples "homo" ou hétéro dont un des plus piquant est incarné par Nakache-Chabat.
 

Maître des décalages non-sensiques et des mixages improbables, dans un tel théâtre élizabethain les femmes sont reines (à l'exception de celle qui en porte le titre). Le tout sur fond de tristesse qui fait la joie des spectateurs. Qu'importe s'ils ne se rendent peut-être pas compte que la recherche du bonheur n'est en rien ce qui anime les sujets d'une telle majesté.

Tout est magnifié dans une telle folie et une version qui n'a plus rien à voir par ses dimensions  avec la série. De la musique de chambre on passe à la symphonie. Et le seigneur des ânes hauts fait tout ce qu'il peut – toujours avec élégance – pour sauver ce qui peut l'être. La saga moins feutrée devient film fluide et rythmée et qui ouvre grand l'espace de la chanson de geste. Le réalisateur Lyonnais y propose tout sauf du flan.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Alexandre Astier, Kaamelott  volet 1, en salle mercredi 21 juillet 2021

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