Murmurer à l'oreille des femmes. Douglas Kennedy

Dans ce recueil de petites histoires (déjà publiées en revue), Douglas Kennedy montre une proximité quasi mimétique avec Raymond Carver. Femme d'aujourd'hui, c'est moi. Lui, c'est encore moi. Flaubert en revue, à peine corrigé par Emma Bovary.


Toutes sont des scènes de la vie extra conjugale, tel pourrait être le fil majeur qui les lie. Chaque événement est décrit du dehors : et tout est extra dans les vies de couple, dans la vie des couples, dans l'avis des fautes, dans le lavis monochrome de la nostalgie, dans ces machineries grinçantes, dans ces machinations ridicules, dans les aveux mensongers, dans les rencontres impossibles et les rendez-vous manqués, dans le baiser impossible, dans la honte assumée avec la plus parfaite mauvaise foi, dans les regrets et les malentendus, dans les remords et les souvenirs épicés.


Quelques éclairs de philosophie britannico-zen surgissent çà et là : « A quoi sert d'avoir de l'humour quand on a la chance d'être zen ? »


Comme Carver, Kennedy illustre ici avec talent la fameuse énigme du sphinx Léopold V. Sacher-Masoch au sujet de «  l'inimitié naturelle des sexes ». Ce, à un point tel qu'il est logique de se demander pourquoi toutes ces histoires ont toutes un goût de vinaigre, de Modène certes. On prendra donc ces nouvelles pour des baumes qui rassurent les plus meurtris et les endolories, pour des onguents naturels dont il ne faut jamais abuser.


Didier Bazy


Douglas Kennedy, Murmurer à l'oreille des femmestraduit de l'américain par Bernard Cohen, Belfond 2014, 264 p. 21 €

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