Quoi de mieux pour renouveler un thème (ici la mort du père et la douleur qu'elle génère) que de le dire avec les mots les plus simples. Couché dans la pénombre comme une statue de cire celui qui est à l'instant de sa mort (on dit pourtant alors que c'est la vie)  devient celui par qui l'écriture arrive. Chantal Dupuy-Dumur crée une intensité produite par le contrepoint le plus intime. Il ne s'agit pas ici de transformer le réel en figuré : le figuré devient celui du réel  fractal.
Une telle poésie se constitue dans mais aussi par le sensible La poétesse ose affronter ce qui fut mais qui perdure. Et c'est ainsi que se crée un passage au passage par cette une rencontre décalée, différée avec ce qui fut mais qui rejaillit comme si tout était encore au présent et ne donne pas l'occasion de se défiler. Le péril de la traversée demeure par cette expérience de la mort du père doublée ( d'où le titre du livre) par celle de la mère qui parachève cette mélopée du sensible.

Jean-Paul Gavard-Perret

Chantal Dupuy-Dumur, Parenthèses, coll. Les écrits du Nord, Éditions Henry, octobre 2023, 128 p.-, 15€