le Dictionnaire chic du cinéma d'Eric Neuhoff

Eric Neuhoff est un grand critique.


On reconnait un grand critique au fait qu’un éditeur consent à publier un recueil de ses textes. Ça n’arrive pas à tout le monde. Moi, par exemple, ça ne risque pas de m’arriver. Parce que je ne suis ni grand (sauf par la taille), ni vraiment critique. Mais Neuhoff, oui.

                  

Il officie au Figaro et dans ses satellites, sur France Inter, sur Canal Plus et, sans doute, dans sa médiathèque de village. Sa façon de descendre en flamme le cinéma français fit récemment sensation.

                  

Pour être sincère, je ne vois pas bien l’intérêt de ce genre de livres. Retrouver des critiques de films passés – même si récents – ne me parait pas présenter un grand attrait. Certes Neuhoff écrit avec habileté mais il ne déploie pas la délirante mauvaise foi d’un Henri Jeanson ni d’un François Forestier.

                  

Il est vrai que je ne vois, sur un plan plus général, pas non plus l’intérêt de la critique cinématographique. Ce qui ne m’empêche pas d’en faire à mes heures perdues.

                  

Ceci dit, voici un recueil qui rappelle que Neuhoff a tout vu, ce qui est un peu normal vu qu’il est payé pour cela. Il donne son avis en toute franchise et ne se cache pas derrière des faux fuyants pour bouder ni pour applaudir. Je n’ai pas fait le compte de ses notules mais vu que le livre s’étend sur plus de 350 pages et l’index sur 31, il y a de la matière. C’est du costaud.

                  

Le genre d’ouvrage qu’il n’est pas forcément conseillé de lire d’une traite. Car on risque de finir par tout mélanger. On le picore, on s’y promène, on s’y amuse parfois.

                  

Les avis de Neuhoff ne seront pas toujours ceux du lecteur et l’on pourra s’amuser à confronter les deux points de vue (sachant que Neuhoff aura forcément raison puisqu’il est un pro).

                  

La plupart des œuvres citées sont assez récentes (incluses dans notre siècle nouveau) donc assez fraiches dans nos mémoires – à condition de les avoir vues ! Il y a du film grand public et de l’intimiste, de la grosse machinerie américaine et des sous-produits made in France.

                  

Je n’ai aucune envie de dire du mal de ce livre. D’abord parce qu’il ne s’y prête pas vu que, quand même, Neuhoff a des arguments solides. Ensuite parce que Neuhoff étant aussi critique littéraire, je ne tiens pas du tout à ce qu’il tire à boulets rouges sur mes prochaines productions (ne le connaissant pas intimement, je ne sais s’il est soupe au lait).

                  

Je me permets simplement de lui signaler une erreur. Une sur un volume de cette taille c’est peu. Elle se situe page 306. En haut : « Idem pour Borsalino and Co, où Delon et Belmondo défouraillaient sans conviction sur la Canebière » Eh bien non. Pas du tout. Belmondo ne joue pas dans cette suite de Borsalino. Il apparait en photo au tout début du film (vu que Delon se penche sur sa tombe) mais aucunement dans le reste de l’intrigue… Voilà c’est tout. C’est bien peu mais je tenais à le souligner. Parce qu’on ne publiera jamais mes « morceaux choisis » et c’est là ma seule vengeance. Je suis veule. Mais lucide.


Quant au fait que ce dictionnaire soit « chic », j’en cherche encore la signification. D’après moi, et d’après mon Larousse, est chic ce qui est élégant, distingué. Mais peut-être s’agit-il de l’élégance des mots d’Eric Neuhoff. Sûrement, même.

 

Philippe Durant

 

Eric Neuhoff, Dictionnaire chic du cinémaEcriture, 384 pages, octobre 2013, 24,95 euros

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