Les alliés du bonze de France

                   


 

 


La nature - dit-on - a horreur d’Ovide et la sagesse ne craint pas les enfonceurs de porte ouverte. Mystiques et mi raisin André, Jollien, Ricard sont à degré divers des intouchables. Il n’empêche qu’ils sont à la sagesse ce que Michel Onfray est à la philosophie et Jean d’Ormesson au roman (ce qui ne l’empêche pas de rester une des grandes plumes polémiques de notre temps). Chacun des quêteurs a fait sa notoriété sur une image sagement travaillée. Du lacangourou au gourou des lamas l’objectif reste le même : assigner à la langue un déboitement des idées reçues pour les remplacer par leur ressemelage. Il revient à l’annulation de ce que penser veut dire sous prétexte de son apprentissage.

 

Les étroits mousquetaires, trente ans plus tard, refont le coup du « new-age » californien à califourchon sur leurs montagnes de poncifs. Il y a pourtant belle lurette que les penseurs de « Pâlot »-Alto ont renoncé à leurs vaticinations farcesques. Mais nos trois sages oublient simplement que le langage n’offre pas d’issue vers la réalité où chacun va sans savoir qu’il s’y rend. Ce serait  sans doute trop demander à la trilogie des rases moquettes. Ils dégorgent d’une banalité émise avec la componction d’usage. Rarement un livre fait autant prendre des vessies pour des lanternes. Les trois compères s’entraînent mutuellement pour s’occuper de la place des autres. Leurs « visions » estiment remplir le vide : de fait elles le creusent de manière abyssale. Ce n’est pas en un tel logos que le monde s’ouvre et nous invente à mesure où nous y apparaissons.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Christophe André, Alexandre Jollien, Matthieu Ricard, « Trois amis en quête de sagesse », coédition L’Iconoclaste & Allary éditions, 2016.

 

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