Le drôle de Bloc-notes d’Éric Zemmour

Drôle de pays que cette France qui voit le CSA faire la promotion d’un livre et de son auteur : jamais on aura autant parlé d’Éric Zemmour que depuis la pantalonnade de ce temps de parole à décompter… Ainsi nous voilà tous obligés de nous pencher sur le dossier Z, si bien que jeudi à treize heures je faisais un saut au kiosque de la gare pour acheter ce fameux brûlot car je me targue de ne parler que de ce que je connais ; et cela remonte à longtemps. Je me souviens d’avoir transgresser mon interdit et être allé acheter Libération à l’époque car il publiait l’intégralité du traité de Maastricht (le véritable début de la déconstruction de la France) et avant de voter, mieux valait se renseigner à la source que d’écouter untel ou untel. Le discours sur la perte de souveraineté de Philippe Seguin (5 mai 1992) acheva de me convaincre de voter non – discours extraordinaire que l’on devrait diffuser dans toutes les écoles de France car il est désormais accessible d’un seul clic

Voici donc un drôle de Bloc-notes (qui n’a pas à rougir de se retrouver à côté de celui de François Mauriac, tant par sa qualité littéraire que son analyse et ses révélations), toutes ces choses vues, entendues, sues… et bien trop longtemps tues, les voici donc devant nous. Plus jamais personne ne pourra dire qu’il ne savait pas : le destin de la France est désormais  entre nos mains, à nous de nous saisir de l’Histoire et de redonner souffle et espoir à notre pays. Faute de quoi, la chute sera confirmée, la prophétie de Houellebecq advenue et il sera trop tard pour se lamenter comme François Hollande qui parle déjà de partition pour la Seine-Saint-Denis. 
Je me devais de lire Zemmour pour pouvoir en parler en connaissance de cause, sans erreur ou omission ni détournement comme ce fut trop souvent le cas à son sujet depuis des années. La caricature va un temps et doit demeurer sur scène, dans un théâtre ou sur un croquis. Là nous parlons de l’avenir de la France, il convient d’être un tantinet sérieux. 

Alors oui, cette mode du culte de l’individu qui s’impose depuis quarante ans a totalement désagrégé la communauté de citoyens : ils ne veulent connaître que leurs droits, mais surtout aucun devoir ! L’État n’étant plus qu’une pompe à fric à qui soutirer le plus d’avantages sociaux et de services… et au lieu de sévir l’État cède et sa nature n’est plus la quête de l’intérêt général mais la satisfaction des désirs individuels… L’identité française est devenue un gros mot et la haine de soi une vertu : le 3 mai 2010, au sortir d’un débat télévisé, Éric Zemmour est pris à parti par l’un des intervenants : Tu pourras dire ce que tu veux. On s’en fout, on gagnera : on tient les programmes scolaires – ce qui se passe de commentaire…  
Le problème n’est plus de vouloir bâtir un monde nouveau, le problème réside dans cette guerre des civilisations qu’il faut assumer et donc nous battre pour nos valeurs françaises, faute de quoi nous aurons une république éclatée voire djihadiste : la France est – et doit demeurer – une et indivisible quitte à être altière. La priorité est d’éviter que le pays ne s’effondre, percé de coups et de mépris par les technocrates de Bruxelles, les juges de Strasbourg, La Haye et Paris, les nouveaux féodaux des "territoires", les lobbies des minorités, les islamistes, et que sais-je encore…    

Le problème numéro est donc bien l’islam. Inutile d’insulter X ou Y, il suffit de relire la conférence de la Sorbonne de Renan, L’islamisme et la science, datant de… 1883 : Ceux qui cultivaient ces études étaient appelés des mécréants : on les frappait dans les rues, on brûlait leur maison, et souvent l’autorité, pour complaire à la rue, les faisait mettre à mort… L’islamisme en réalité a toujours persécuté la science et la philosophie […] La philosophie est abolie dans le monde musulman. Cette religion qui est avant tout un dogme politique n’est pas soluble dans le terreau judéo-chrétien, il n’y a pas de modérés ou de tolérants, il n’y a que des religieux, or nous sommes un pays laïc, qui doit le rester. L’assimilation est donc le seul mode valable d’une intégration réussie qui réclame le contrôle cérébral de ses réflexes les plus archaïques.  
Dans cette société perdue où personne ne pense plus rien (Bayrou), reprenons à notre compte le constat du général de Gaulle : Il est vrai que parfois, le citoyen, s’exagérant l’impuissance relative de l’intelligence, néglige de s’en servir. Même l’infatigable progressiste qu’était Claude Lévi-Strauss finit par revenir sur ses illusions : Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de penser au-dessus de toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. En deux mots : à Rome tu fais comme les Romains, sinon tu repars d’où tu viens… 

Comme tout bloc-notes, il est parsemé d’anecdotes, de bons mots, d’humour et de perles relevées au fil des pages qui ne manquent pas de croustillant ; en voici quelques extraits, verbatim sans langue de bois – on comprend la panique qui s’empare des états-majors des QG de campagne : 
- Je sais bien que je n’ai pas le niveau. Mais plus personne ne l’a aujourd’hui. La présidentielle c’est un concours (Xavier Bertrand, 2010). 
- Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur qui reconnaît que la liste hebdomadaire qu’on lui soumet tous les soirs sur les vols et délits comporte une très forte majorité de noms à sonorité maghrébine ou africaine. 
- Tu sais, le dernier à avoir mis de l’argent dans le RER, c’est Pompidou. La gauche a tout mis sur le TGV pour permettre à la gauche caviar de descendre dans le Luberon. (Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, 2012).
- Tu sais, avec des 40 milliards, j’ai retardé la guerre civile de dix ans. (Jean-Louis Borloo, 2013).
- Tu auras beau dire, tu auras beau faire, on a gagné. La France est finie. Et si l’islam tire les marrons du feu, on s’en fout. (Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, 2019).
Ne serait-il pas grand temps de faire mentir tous ces couards ? 

Et en écrivant ces lignes je découvre un article de FranceInfo qui s’insurge sur le fait qu’un rayon de la Fnac Avignon mit en tête de gondole le livre du professeur Perron qui n’est pourtant pas le premier venu (avec cohorte d’insultes au complot et de politiciens qui s’emparent du sujet) sous le seul prétexte qu’il ne suit pas la doxa officielle sur la Covid ; alors oui, nous sommes sous l’emprise de la dictature de la pensée ! Et il est grand temps que cela cesse ! 
Offrez-vous une lecture vérité qui devrait faire bouger politiquement les choses si certaines rumeurs se concrétisent. Magistralement écrit cet essai déploie une richesse de vocabulaire et un clin d’œil à la grammaire avec l’emploi de formules précises comme ce il n’en peut mais jouant avec un mais adverbe issu du latin magis (plus) pour signifier être impuissant à faire ou ne pas en être la cause… Plus de la moitié des écrivains qui ont osé publier leur produit et nous l’envoyer en cette rentrée devraient en prendre de la graine…  

Faisons appel à notre bon sens légendaire d’homme de la terre, et agissons en conséquence… sinon nous n’aurons plus qu’à faire notre la phrase d’Edgar Quinet : Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays ; c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. 

François Xavier 

Éric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot, Rubempré, septembre 2021, 348 p.-, 21,90 €

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