Claude Minière : Dante et son double

Claude Minière ramène au jour la posture "courtoise" (et plus) de Bartoloméo Cavalcanti. Le poète contemporain de Dante et Florentin comme lui "signe" de facto un serment intime : celui de se consacrer à l'excellence du nouveau en jouant avec les règles autant des mesures que de la grammaire. Mais si Dante au sein de son Enfer est guidé par Virgile, dans le sien Cavalcanti n'est orienté que par lui-même pour chercher la nouveauté et l'inépuisable qu'il chérissait.

Dès lors la Dame et l'amour qu'elle induit  permettent de cultiver jeu et beauté pour rechercher la perfection par ce qui suscite le drame et le désir en une poésie codée et amoureuse. Elle suppose un engagement politique méthodique et une position intellectuelle là où habituellement tout est affaire de sentiment.

Preuve que son œuvre – au même titre que La Divine Comédie – ne doit plus être classée dans le passé mais vers le futur enchaîné dans les tenons des mètres et des rimes, là où se touche la connaissance par le strict maintien de la mesure et à mesure.
Minière en appelle donc à une poétique bien différente de celles d'un siècle où les arts se complaisent aux mixages, croisements, mixages, hybridations. Il s'agit pour un poète de s'en tenir à une conduite de vie où l'éthique et l'esthétique prennent un nouveau sens plus profond et intériorisé.


Jean-Paul Gavard-Perret

Claude Minière, Quel avenir pour Cavalcanti ?, éditions Louise Bottu, juillet 2021, 50 p.-, 9 €

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