Mark Steinmetz : poétique de la ville

Dans les portraits de Mark Steinmetz la vie palpite, intense. La photographie en saisissant apparemment sur le vif les gens de la rue crée une suite de surprises fortes en intensité.

Partant à la recherche du hasard l'artiste a soin de le provoquer. Car si la photographie est une histoire d'instants décisifs et fugaces qu'il faut savoir la solliciter. Les portraits montrent comment chez Fred Stein la ville interfère sur l’être.
Le photographe n’illustre pas de thèse : il sait repérer les éléments narratifs d’une histoire de la vie dans sa simplicité proche du constat mais qui s’exhausse vers la poésie urbaine en alliant deux principes fondamentaux de la modernité : objectivité et fragmentation.
 

 

Par ce biais Steinmetz cherche la construction d’une langue visuelle collective, universellement compréhensible, facteur de réconciliation et non d’opposition.La photographie jouxte le social et le politique. Prédomine toutefois une fluidité méditative. Elle ne bascule jamais dans une emphase visuelle mais « atonale » et envoûtante.
L’intuition sensible plus que les procédés optiques domine : elle permet de découvrir et d’explorer l'alchimie du réel en fixant l'éphémère avec lucidité, précision et respect pour les êtres et les lieux.

Le réel en haillon se métamorphose parce que le hasard premier n’est que la semence pour un travail de reprise et de pose. Par celui-ci les fantômes s'hallucinent. Qu'importe leur zéro de conduite.
Nyctalopes ou non ils vivent soudain d'une autre vie : l’artiste la recrée, laissant au hasard une partie des plus minimes.

Jean-Paul Gavard-Perret

Mark Steinmetz, United states, Fotohof (Autriche), du 25 janvier au 23 mars 2019

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