Gabrielle Jarzynski : nouvelles donnes

Il est un bleu à paupières qui cachent les bleus du cœur. Du moins ceux des femmes auxquelles des Egyptiens à l'antique font encore la chasse. Mais celles qu'on nommait encore dans une des premières revues féminines du siècle dernier "Sorcières" osent ici affirmer leur désir.

Et ce, non seulement selon une bluette mentale mais pour le bien que cela fait lorsque des papillons s'agitent dans le ventre des primes-sauteuses libertines et biches, échos d'Écho la plus belle des nymphes.

Devenue le mal de bleu incarné, la narratrice peut se rêver corps d'homme avec la tête remplie de femmes. C'est une manière de réinventer une cosmogonie pour celle qui fort de son mal de dents et d'oreilles ne rêve que de devenir l'amante peu religieuse de celles qui elles-mêmes engendrent et attendent leur dévoration

Un nouveau monde avance et de nouvelles histoires d'amour se fomentent là où les momies sanguinolentes peuvent assouvir certains désirs carnassiers qui ne sont généralement accordés qu'aux mâles. Gabrielle Jarzynski les accorde aux amazones que surveillent quelques infirmiers égyptiens d'un asile. Mais que peuvent-ils faire face à celle qui – comme ses héroïnes – monte sur ses grands chevaux pour mieux s'enflammer entre chien et louve auprès de juments à l'écume fontaine ?


Jean-Paul Gavard-Perret


Gabrielle Jarzynski, Le mal du bleu, illustration de Smith Smith, coll. Bleu-Turquin, éditions Douro, mai 2021, 80 p.-, 22 euros

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