Les Pus Belles Fresques de New York

Le street-art aurait donc eu une première vie ? Sans doute, à l’abri des regards, inside, certes, mais les peintures murales sont partout ! L’on peignait dans les hôtels, les bureaux, les bâtiments officiels, de Manhattan au Bronx, du Queens à Brooklyn, les artistes ont imprimé leur patte sur les murs et les plafonds : un siècle de création, une trentaine de sites et plus de cinquante intervenants venus du monde entier, de Chagalle à Lichtenstein ou même, dernièrement, Keith Haring qui s’empara d’un musée, d’un parc et d’un hôpital.

 

Tout débuta en 1986, quand Haring écopa d’une amende de vingt-cinq dollars pour avoir peint un graffiti sur le mur d’un terrain de handball de la 128e Rue. Un fond orange vif pour bien souligner ses silhouettes caractéristiques et l’avertissement crack is wack, cri d’alarme contre l’épidémie de drogue qui ravageait la ville. Un petit malin modifia son message et la municipalité fit recouvrir le mur de peinture grise… Quand le commissaire aux parcs appris la mésaventure de l’un des artistes les plus prolifiques au monde, il s’empressa de lui proposer huit sites pour qu’il puisse s’exprimer. Haring exigea de repeindre le même mur. C’est aujourd’hui un des emblèmes de la ville de New York, et le parc voisin a reçu le nom officiel de Ère récréative Le crack c’est nul.

 

La fresque, cette drôle de peinture murale, est avant tout là pour nous raconter une histoire, ce qui ne l'empêche pas d’avoir, aussi, sa propre histoire. Et certaines sont assez cocasses : le firmament décorant le plafond de la salle des pas perdus de la gare de Grand Central est… à l’envers (sic). En effet, l’exécution du projet fut confiée à un peintre australien qui a donc placé les constellations comme il avait pris l’habitude de les voir, lui, dans l’hémisphère Sud.

D’autres, comme la peinture murale de neuf mètres de Maxfield Parrish, qui occupe désormais la longueur du King Cole Bar, dans l’hôtel St. Regis, fut initialement commanditée pour le bar de l’hôtel Knickerbocker, sur Times Square. Mais l’immeuble fut transformé par la suite en bureaux : ce n’est pas cela qui allait arrêter ces Américains qui déplacent des immeubles entiers sur vérins. Elle migra au Chicago Art Institute puis au New York Racquet Club, sur Park Avenue, avant de rejoindre sa dernière demeure.

 

Harmonieusement mis en scène, ces petits chefs-d’œuvre s’équilibrent et se complètent dans une chorégraphie minutieuse qui donne déjà des idées de cadeau pour Noël…
Un livre qui fait voyager.

 

François Xavier


Glenn Palmer-Smith, Les Pus Belles Fresques de New York, +200 illustrations couleur, 305x250, Gallimard, octobre 2014, 228 p. – 39,00 €

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