Violence et dépressions

Un père d’une violence inouïe, une mère froide, des failles, des excès d’’alcool, de drogue, une sensibilité maladive : tout dans la jeunesse de Gilles Paris risquait de le conduire à des hauts et des bas psychologiques. En fait ce fut bien pire. En trente ans, l’auteur a connu huit dépressions, un an en Hôpital psychiatrique.

Ni ses succès dans l’édition avec notamment Autobiographie d’une courgette et la reconnaissance qui va avec – elle le mena à Cannes –, ni son mariage heureux depuis vingt ans avec un certain Laurent ne le protègent. De temps à autre, il retombe dans les affres de l’angoisse, connaît à nouveau ce qu’il nomme joliment mélancolie. Dans ces moments, il a l’impression que seul le chien Franklin le comprend.
Emmuré en lui-même, il n’a plus envie de rien et les mots terribles de son père lui reviennent : Tu ne feras jamais rien de ta vie, tu n’es qu’une merde,  avec l’odeur du cuir nauséabond de sa Mercedes, et surtout le souvenir des coups. 

A  moins de vingt ans, son géniteur l’avait sévèrement cogné. Un inconnu l’avait porté sur son dos jusqu’à l’hôpital. 
La violence n’explique peut-être pas les dépressions à répétition, mais le vide, le vertige qui le prennent parfois, oui, forcément.

Dans ces cas-là, il n’a d’autre désir que celui de s’ensevelir sous la couette, même s’il parvient parfois à donner le change.

Avec beaucoup de délicatesse, d’empathie, Gilles Paris propose un livre dur et délicat. Le lecteur n’oubliera pas de sitôt, sa terrible lettre au père avec ses deux syllabes pa-pa qui se répètent comme un refus.

 

Brigit Bontour

Gilles Paris, Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, Flammarion, janvier 2021, 220 p.-, 18 €
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