Notre désir est sans remède.

Quand Frances Farmer arrive à Hollywood dans les années trente,  elle a tout pour devenir La star : des yeux bleus, un visage fin, entouré de mèches blondes et, ce qui ne gâche rien, du talent.

Elle est belle : « inutilement belle ». Elle réussit,  du moins au début. Elle a ce qu’il faut d’insolence, elle écrit aussi.

Mais à vingt ans, elle est déjà addict aux médicaments. Bientôt elle va « contrarier » les studios, « agresser » un policier,  alors qu’elle force le couvre feu et conduit en état d’ivresse. On la dit communiste, féministe, athée.

Quand elle est internée dans un hôpital qui compte 2700 patients, « la vraie actrice hollywoodienne ; pas tout à fait une superstar mais une vedette quand même » n’est plus qu’une loque, diagnostiquée : « schizophrénie paranoïde, maniaco-dépressive », montrant les signes d’une démence précoce définitive.

C’en est fini de sa lutte, de ses espoirs, elle est assommée par les médicaments et comble de l’horreur vendue au soldat le plus offrant par un infirmier maquereau.
A travers le personnage de Frances Farmer, jeune actrice oubliée depuis longtemps, Mathieu Larnaudie permet de découvrir le Hollywood des années trente et quarante avec ses  stars mythiques comme Judy Garland ou Joan Crawford, ses producteurs comme Samuel Goldwyn. Un monde basé sur l’apparence et le politiquement correct.

Gare à ceux qui à l’instar de Frances Farmer font un pas de côté. Rien ne leur est épargné : ni la déchéance, ni dans son cas,

 les électrochocs ou la tentative de repentance à l’américaine, dix ans plus tard.

Le portrait de l’actrice, celui d’une femme libre à une époque de contraintes est magnifique et poignant.

 

Notre désir est sans remède

Mathieu Larnaudie,

 Actes sud, 258p, 19 euros.
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