Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Dans une geôle canadienne, croupit Paul Hansen. On ignore pourquoi il en est arrivé là.  Il n’a pas l’air bien méchant, contrairement à son compagnon de cellule : un Hells Angel, prêt à couper en deux, tous les fils de putes qui se mettent en travers de son chemin… mais panique à la vue d’une souris.

Dans ce temps suspendu, Paul se souvient de sa vie, des ses proches, surtout des morts. De sa mère une militante féministe qui dirigeait un cinéma Art et essai dans les années 70. De son père, un pasteur danois, très rigoriste qui avait perdu la foi (sa femme avant leur séparation ne l’avait pas aidé à la conserver). De son épouse Winona, une pilote irlando-algonquine, de Nouk, son chien qui comprenait tout, beaucoup mieux que les humains.

Malgré une enfance tiraillée dans une   famille aimante mais  foutraque, deux parents aussi antinomiques que possible, il avait pu en rejoignant son père au Canada, trouver un équilibre, un boulot. Il était devenu concierge, ou selon les jours, nounou des habitants de l’Excelsior, une résidence pour personnes âgées. 
Et puis,  la tuile, l’accident du destin, appelons cet ainsi cet aléa qui l’envoya en prison.

Comme toujours, chez Jean-Paul Dubois, le héros se nomme Paul.  Il vit des vies étranges, il rencontre des ordures ou des presque saints. Il se promène dans l’existence plus qu’il ne la vit,  mais décrit comme personne la société des années 70 ou celle d’aujourd’hui. Avec autant de précision que d’humanité, d’intelligence que de générosité. 
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon,est une fois de plus, un grand, un très grand Dubois.

Brigit Bontour
 

Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, éditions de l’Olivier, août 2019, 256 p.-, 19 €

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