Eloge de Joël Hubaut par François Coadou

                   


 

 

François Coadou, lui-même artiste multipartitas, propose une vision pertinente du « charme »  ironique de l’œuvre de Joël Hubaut maître en l’art de jouer des stéréotypes. Dans un monde si incertain, le sien l’est encore plus mais il faut s’accrocher aux détails, aux fragments, aux lambeaux de l’artiste. C’est peut-être tout ce qui reste, tout ce qu’on ne pourra jamais espérer à travers des objets du quotidien comme autant de traces obviées. Certes l’angoisse n’est jamais loin. Des scènes qui pourraient être d’Eros tournent au vinaigre. Un élément trouble  s’immisce comme par un jeu de collage et de langage.

 

Peintures, objets, photos ou vidéos créent des «électrochocs ludiques. Le sucré tourne au sel. Face aux Kandinskieurs et à ceux pour qui la ligne et le noir et blanc délimitent des champs,  Hubaud invente des espaces qui atteignent une puissance  de dégénérescence nécessaire.  Il crée des distorsions capitales capables de  faire piquer du nez à une idée sentencieuse de l'art. Ses installations  offrent les structures d'un nouvel imaginaire qui échappe aux catégories connues. Les codes  y sont tournés en ridicule et leur cérébralité aussi. Les formes giclent de manière apparemment irrationnelle pour prendre jusqu'à notre inconscient au dépourvu. L’artiste propose le jeu entre nos forces et nos faiblesses, entre le pouvoir et l'esclavage sous toutes ses formes. Bref il propose des figures de sable sous forme de roc, et des rocs sous forme de stuc. L’ironie et la dérision mettent à mal le  snobisme des formes qui ovulent  en vignettes spécieuses. L’artiste opte pour le ridicule. Chez lui il ne tue pas, il assassine les idées reçues pour libérer l’esprit de tout ce qui l’encombre et  met en lumière le royaume de nos ombres.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


François Coadou, "Joël Hubaut. Un éloge de l'impureté", ENd éditions.


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