Garance Meillon : blousons noirs et néons roses

Garance Meillon nous entraîne dans une histoire de deux enfants de la fin du siècle dernier. Leurs statuts sont désaccordés et théoriquement ils n'auraient pas dû se rencontrer.

Frédéric est le fruit douloureux  et battu par son père d’une famille modeste. Il  vit entre les barres des immeubles de sa cité contaminée par la drogue. Alice rêve d'une carrière de danseuse et refuse le conformisme de sa famille bourgeoise dijonnaise en s’évadant à Paris pour tenter de vivre sa vie.

Dans les années 80, ces deux trajectoires se croisent. La jeune fille sauve  Frédéric de sa pente dangereuse. Le jeune homme ouvre  Alice à  la possibilité d’un amour hors du commun.

Dès lors ces deux "corps insolubles" et inaliénables vont se mêler. Du moins pendant un temps. Et Garance Meillon explore les trajectoires incandescentes de ceux que tout sépare. Chaque chapitre "répond" au précédent, entre néons roses et blousons noirs.
Il y a bien sûr des souvenirs, des espoirs et déjà des regrets mais surtout une étrange dynamique qui à force qu’elle avance se nourrit d’elle-même en proposant des pays nouveaux, inexplorés.

Si bien que dans la langue un voyage s’organise. Mais le périple ne dure qu'un temps dans l’estuaire du fleuve Amour. Il se transforme d'abord en mouvements insubmersibles avant de sombrer en grève perlée ou en capiton.  
Mais, plus que de débâcle, il s’agit de remontée. Si bien que l’été plombé sent malgré tout l’air du large en assurant la survie. Des nuages s’en vont, la voie redevient libre. Une porte s’ouvre, une autre encore. Et les amants de regretter qu'un tel échange doive finir.

 

Jean-Paul  Gavard-Perret

 

Garance Meillon, Les corps insolubles, L'Arpenteur, janvier 2021, 256 p.-, 18,50 €
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