Camille Saint-Jacques : apprentissage de la peinture et de sa sagesse

Camille Saint-Jacques a appris à ne rien "faire. Mais ajoute-t-il, il m'a encore fallu du temps. C'est le moyen de  trouver la maturation nécessaire afin que la peinture sorte en se défaisant de l'art. Tout un travail d'abstention est donc nécessaire afin d'arriver au moment où, par décantation, la peinture advienne.

Dès lors le peintre sort de ses habitudes, évite manies et répétitions. Il faut que la peinture ne soit ni une compulsion, ni un travail. Tout avance à l'image de la nature : doucement. Si bien qu'en conséquence, peindre c'est aussi apprendre à "aisir le chant d'un arbre.

L'artiste nous livre les clés de ses secrets. Ils ne sont pas enfermés : ils voguent et divaguent mais Camille Saint-Jacques sait mettre des mots dessus et rappelle que la peinture n'est rien sans expérience de la vie. A partir de là le travail prend son sens même s'il prend toujours à contre-temps celui qui s'y engage.

L'artiste a peur que ses mots ne soient pas ponctuels au rendez-vous de la peinture. Pas moyen de faire asseoir le fantôme pour lui tirer le portrait. Néanmoins ils n'ont rien de halos approximatifs. Par eux, le plasticien remonte l'histoire de sa peinture. C'est une belle leçon de conduite à ceux qui veulent brûler les étapes et atteindre le Graal par des raccourcis qui n'existent pas.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Camille Saint-Jacques, Talus et Fossés, l'Atelier Contemporain, octobre, 2019, 240 p., 25 €

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