Annick Geille est écrivain, critique littéraire et journaliste. Elle rédige une rubrique mensuelle pour le journal Service Littéraire et dirige la Sélection en ligne du Salon littéraire. Elle vient de publier son onzième roman, Rien que la mer, aux éditions La Grande Ourse.

Gao Xingjian. Extrait de : De la création


EXTRAIT >

 

La position de l’écrivain

 

La position de l’écrivain, c’est-à-dire la place de la littérature dans la société actuelle, les relations de l’écrivain avec la société et son époque : voilà un très vaste sujet. Il s’agit ici de mon point de vue, d’un simple choix personnel, et chaque écrivain détermine le sien en fonction de sa conception de la littérature. Des points de vue différents conduisent à des choix variés, il ne s’agit pas d’un débat entre le vrai et le faux. Pourtant, l’intervention de la politique dans la littérature a aussi transformé en champ de bataille ce jardin de la libre pensée ; depuis plus d’un siècle, de l’Occident à l’Orient, de l’Europe et l’Amérique du Nord jusqu’au tiers-monde, la bataille idéologique a fait rage sans épargner le moindre endroit.

Au cours du siècle qui vient de s’achever, inutile de raconter en détail les souffrances qu’ont endurées la littérature et les écrivains ; même dans la période actuelle, les ingérences de la politique n’ont pas diminué, bien au contraire. La politique envahit tous les domaines de la culture par l’intermédiaire des médias. L’ingérence du politique est générale, que ce soit du fait de la politique culturelle ou des organismes culturels gouvernementaux ; même les activités culturelles n’arrivent pas à se dépouiller de toute couleur politique ou partisane. Le politiquement correct et l’identité de classe constituent presque la carte d’identité virtuelle de l’écrivain. En outre, l’idéologie laissée par le vingtième siècle pèse sur l’écrivain tel un lourd fardeau. Ce que l’on appelle l’engagement de la littérature consiste en fait en un engagement politique qui est devenu une sorte d’incantation qui ligote la création et la critique littéraires. La littérature s’engage dans la politique, mais en fait c’est la politique qui envahit la littérature. Bien sûr, on peut dire aussi que c’est l’écrivain qui fait de la politique et transforme la littérature en instrument de critique sociale, il propage la politique ou bien la sert, comme la double face d’une pièce de monnaie, mais quelle que soit la face que l’on considère – la politique qui envahit la littérature ou la littérature qui s’engage dans la politique –, avant le vingtième siècle, jamais ce paysage littéraire n’avait existé.

Auparavant, bien qu’il ait existé des écrivains qui avaient des accointances avec la politique et même le pouvoir, ceux-ci n’utilisaient jamais leur création littéraire pour propager leurs idées politiques. Au début du vingtième siècle, la large diffusion du marxisme et la progression de la révolution communiste ont profondément influencé plusieurs générations d’intellectuels, et les écrivains, évidemment, n’ont pas fait exception. La littérature qui a l’homme pour objectif considère les relations sociales comme la nature propre de celui-ci, et c’est précisément la politique qui est le moyen le plus marqué d’instituer ces relations sociales. Tout le monde dépend de la politique et personne ne peut se séparer d’elle, l’engagement politique des œuvres littéraires est devenu le premier critère de sélection de la critique littéraire. Ce point de vue matérialiste historique du marxisme considère les arts et lettres comme un outil de critique sociale, et il est plus juste de dire qu’il part en guerre contre le capitalisme et qu’il se sert de la dénonciation de la bourgeoisie pour appeler à la révolution prolétarienne. Cette idéologie ne s’est pas du tout dissipée après la chute du mur de Berlin, elle reste profondément enracinée jusqu’à aujourd’hui. Il n’y a pas très longtemps, j’ai rencontré en Grande-Bretagne un journaliste qui, lorsqu’il m’a entendu dire que la littérature devait être séparée et indépendante de la politique, a trouvé cette idée totalement inconcevable. Cela montre bien que ce courant de pensée est encore enraciné dans l’esprit de beaucoup d’intellectuels.

La page du vingtième siècle est tournée, l’Union soviétique s’est désintégrée, ainsi que l’Europe de l’Est et le totalitarisme communiste ; bien que le totalitarisme chinois soit en parfaite santé et l’économie de marché totalement ouverte, on peut dire que l’utopie communiste est complètement en ruine. L’expédition contre le capitalisme qui a duré plus d’un siècle n’a absolument pas entravé son expansion ; bien au contraire, une mondialisation incontrôlable a proclamé les victoires successives du capitalisme. Cette réalité indiscutable n’est ni un jugement moral, ni une chose que la critique politique serait en mesure d’effacer ou d’empêcher. L’utopie communiste préconisée par le marxisme non seulement n’a pas pu changer la société, mais elle est devenue prématurément un vestige historique.

À l’origine, la littérature est distincte de l’utilitarisme. Sous les dictatures totalitaires, la politique est placée au-dessus de la littérature et des écrivains qui doivent lui obéir, sinon, s’ils ne servent pas la politique, ils ne peuvent ni écrire ni exister et risquent même de perdre la vie. Dans les pays occidentaux ayant un système démocratique, la situation des écrivains est de toute évidence meilleure, ils peuvent écrire ce qu’ils veulent, se consacrer à la littérature qu’ils aiment, à la seule condition de ne pas compter sur elle pour gagner leur vie, ce sont donc eux qui ont leur liberté en main. Le problème est que très rares sont les écrivains qui peuvent vivre dans ce genre de conditions, car les lois du profit capitaliste pèsent aussi sur la littérature. Si un écrivain ne se soumet pas à la pression du marché et persévère dans cette voie, s’il ne suit pas la mode et ne cherche pas à plaire aux goûts des lecteurs, il aura du mal à survivre. La pression qui pèse sur une création littéraire sérieuse ne fait qu’empirer. Du reste, même dans les systèmes démocratiques, la politique intervient dans la littérature. Si un écrivain ne s’affirme ni de gauche ni de droite, je crains qu’il ne rencontre beaucoup de difficultés pour se faire entendre dans les médias. En Occident, si les écrivains jouissent de la liberté de parole et de création, les lieux d’expression indépendants et libres, à l’écart de la politique, restent limités.

Les écrivains qui vivaient dans un pays sous dictature communiste et voulaient se consacrer à une création littéraire libre, même s’ils s’exilaient en Occident et se dégageaient de la pression de la dictature, se retrouvaient aussitôt circonscrits par une autre sorte de politique, que l’on appelait la dissidence et qui obéissait aussi à une idéologie étriquée. Si l’on évalue la littérature à l’aune de ce concept, on s’aperçoit que son riche contenu était aussitôt recouvert par un autre discours politique. Si l’écrivain ne se débarrassait pas lui-même en toute connaissance de cause de l’étiquette qui lui était accolée, et au contraire la colportait partout, il tombait sous la coupe d’une nouvelle autorité politique après s’être dégagé de la première et nuisait ainsi à sa propre création.

La politique s’est insinuée à tous les niveaux de la société jusqu’aux médias, elle a non seulement marqué en profondeur la littérature du vingtième siècle, mais exercé aussi son influence sur la pensée des gens. De nos jours, une littérature pleine de véhémence servant de porte-parole au politique a complètement disparu, mais il n’est toujours pas facile pour la littérature de se débarrasser des liens qui la lient au politique. Comment les écrivains d’aujourd’hui peuvent s’émanciper des intérêts de la politique et du marché, rester indépendants, faire entendre leur propre voix, voilà ce dont je veux parler.

Évidemment, ce n’est pas impossible. Un écrivain qui entend préserver durablement son indépendance individuelle doit avant tout éviter quelques sources de confusion et mensonges. Par exemple, l’écrivain porte-parole du peuple est lui aussi une chimère fabriquée par la politique. Le terme antique de « peuple » que les monarques ont utilisé de génération en génération était au vingtième siècle complètement usé.

Tous les pouvoirs politiques ont parlé au nom du peuple, que ce soit le totalitarisme communiste ou le fascisme, tous ont exercé une dictature au nom du peuple. Et finalement, où se trouve ce peuple vide de sens ? Dans la société réelle, il y a des hommes innombrables et bien vivants qui chacun ont leurs aspirations personnelles, y compris l’aspiration à la liberté de pensée, mais ils s’effacent sous cette bannière vide et abstraite qu’est le « peuple ». Un écrivain qui ne veut pas être lié au pouvoir politique, ni se lier à un parti pour des raisons électorales, ne doit pas déclarer qu’il parle au nom du peuple et perdre ainsi sa voix personnelle et authentique, s’égarer dans le discours politique et se transformer en porte-parole, sacrifier la littérature en l’enchaînant au char de guerre de la politique.

L’écrivain n’est pas un prophète, il n’a pas besoin de fabriquer les mythes merveilleux de l’avenir, ni de promettre des lendemains au peuple ou aux électeurs, et encore moins de créer des images chimériques et utopiques, et d’abuser les masses pour qu’elles le suivent dans la conquête du monde. Du reste, cela s’est déjà produit maintes et maintes fois au cours du vingtième siècle.

L’écrivain n’est pas un sauveur, il ne peut assumer la mission du Christ. Ce rôle de surhomme de type nietzschéen a été un phénomène commun au vingtième siècle. Puisque Dieu était mort, les ego surdimensionnés pouvaient devenir des démiurges. Ce sentiment romantique nietzschéen est plus intéressant dans une œuvre littéraire que comme philosophie : l’hyperbole du surhomme a remplacé le Christ souffrant de la tradition, et il faut reconnaître que c’est une création originale. Mais ce n’est pas une représentation réelle de l’homme, seulement une chimère de philosophe. La place réelle de l’homme au sein de la société moderne n’est pas du tout ce qu’annonçait Nietzsche, mais c’est bien celle qu’a exprimée l’écrivain de langue allemande Kafka.

Kafka n’a pas pu publier ses œuvres de son vivant, mais, dans un silence absolu, il a saisi en profondeur la situation de l’homme au sein de la société industrielle du vingtième siècle. Aujourd’hui, certaines histoires de la littérature qui font autorité estiment que Nietzsche a été le point de départ de la modernité du vingtième siècle, comme si la littérature moderne commençait avec lui. En réalité, il est plus exact de considérer que Nietzsche marque la fin de la littérature romantique du dix-neuvième siècle et que Kafka annonce la naissance de la littérature moderne. Kafka a fait une description parfaite de la condition réelle de l’homme au sein de la société moderne. Dans ses relations sociales, et même au sein de la famille, l’homme n’est rien d’autre qu’un insecte, si minuscule qu’il est incapable de prendre son destin en main et encore moins de diriger le monde. Sans y rien comprendre, sans aucune raison, il passe en jugement. Kafka a réalisé que l’utopie sans fondement était comme le château de son roman : on ne peut y pénétrer.

Au début du siècle dernier, Kafka a annoncé quelle sera la condition de l’homme dans la société moderne. Dans la société d’aujourd’hui, l’homme, qui reste dans la même condition, est simplement de plus en plus faible, il perd de plus en plus son autonomie et disparaît sous toutes sortes d’identités. Dans ce système social immense, face au marché qui s’occupe de tout, la culture aussi est totalement commercialisée, et les médias ne disposent absolument pas d’une vraie indépendance qui la protégerait des obstructions de la politique. Si un homme tente de faire entendre sa propre voix, s’il s’agit vraiment de sa voix individuelle et non d’une voix liée à telle ou telle tendance politique, il rencontrera beaucoup de difficultés. Ce genre de voix ne se trouve que dans les œuvres littéraires sérieuses qui dépassent l’utilité immédiate, dépassent la politique, sans courir après les modes et sans s’appuyer sur le marché. Ainsi, elle aura la possibilité de préserver sa totale indépendance. Évidemment, cette voix est extrêmement faible, mais elle contourne toute manœuvre, c’est la voix réelle d’un homme.

Un individu faible, qui n’appartient à aucun parti, qui ne s’occupe pas de politique, qui n’a ni pouvoir ni capital, est à peu près dans la même situation qu’un insecte dans l’immense système de la société moderne, mais l’homme a en plus de l’insecte la capacité de réfléchir. Pourtant, la réflexion indépendante n’est pas quelque chose d’inné chez l’homme, elle vient d’une prise de conscience progressive. L’humanisme apparu avec la Renaissance des arts et des lettres en Europe a chassé grâce aux lumières de la raison l’obscurantisme du Moyen Âge et brisé les entraves de la religion ; cet homme avec un corps et une âme parfaits ainsi que des qualités morales irréprochables auquel la Renaissance appelait, cet homme qui a voulu revenir à la nature à travers le romantisme des dix-huitième et dix-neuvième siècles, est entré dans la société industrielle, et l’on a finalement découvert que cet homme idéal n’était qu’un concept abstrait.

Au vingtième siècle, la proclamation de droits de l’homme innés s’est transformée soit en appel révolutionnaire soit en parole vide. Cet homme libre et indépendant est extrêmement fragile et vil face au pouvoir politique et au marché. Les prétendus droits de l’homme, le respect humain, la liberté de pensée et d’expression, jamais la société ne les a accordés gratuitement et la voix rationnelle de l’humanisme s’est totalement noyée dans les échanges commerciaux réels et l’utilitarisme politique.

Où peut-on trouver cette voix humaine véritable ? Dans la littérature. C’est elle seulement qui peut montrer cette vérité de l’existence humaine que la politique n’est pas capable d’exprimer ou ne parvient pas à exprimer. Au dix-neuvième siècle, les écrivains réalistes Balzac et Dostoïevski n’ont jamais joué les sauveurs, ils ne se sont jamais considérés comme les porte-parole du peuple ni comme les incarnations de la justice – si tant est que celle-ci existe. Ils n’ont fait que montrer la réalité, sans idéologie préconçue pour critiquer et juger la société ou pour dessiner un projet de société idéale, et c’est précisément ce genre d’œuvres dépassant la politique et l’idéologie qui ont tracé un portrait véritable des hommes et de la société, reflétant sans rien laisser de côté les difficultés de l’existence humaine et la complexité de la nature humaine. Et, que ce soit sur le plan de la connaissance ou de l’esthétique, elles résistent à l’épreuve du temps.

Au contraire, si la littérature révolutionnaire du vingtième siècle a attiré de nombreux écrivains et poètes de talent, les plus brillants étant Gorki et Maïakovski, avec leurs éloges de la révolution communiste qui a ensuite connu l’échec, leurs œuvres ont sombré dans l’oubli et eux-mêmes sont morts dans des circonstances peu claires. La nouvelle société construite à la faucille et à la hache était encore moins humaine que l’ancienne société, encore plus pauvre. Et dans la Chine et la Russie d’aujourd’hui, le fanatisme de l’argent a remplacé les ismes. C’est ainsi que l’histoire se moque du peuple.

L’écrivain ne doit pas être un combattant qui a comme objectif de critiquer et changer la société. Évidemment, il peut avoir ses propres opinions politiques, mais il ne doit pas les mêler à la littérature. Si l’écrivain parvient à prendre clairement conscience de la place réelle qu’il occupe en tant qu’écrivain dans l’époque moderne, mieux vaut qu’il retourne au statut d’individu fragile et fasse entendre sa propre voix, cette voix vraie de l’individu débarrassée du mensonge. Sans même envisager que cette voix puisse être audible, au minimum on peut se parler à soi-même, et moi-même j’éprouve ce besoin d’écouter ma propre voix. Ce besoin intérieur est ce qui stimule en premier quand on écrit : exprimer ses propres sentiments, partir des sentiments et de l’expérience réelle d’un être bien vivant.

Dans la société, l’individu subit toutes sortes de limitations, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Au sein de la collectivité et dans les limites des conditions sociales, l’individu est soumis à des contraintes. Si l’on veut ne pas se noyer dans le chœur de la masse, ne pas se noyer dans le discours des forces du pouvoir, il faut faire entendre sa propre voix, mais bien sûr ce ne peut être qu’un défi. Un défi de l’individu face à ses conditions d’existence, afin de prendre conscience à partir de ce défi de sa propre existence. C’est de ce genre d’expression qu’a besoin la littérature. De ce point de vue, la littérature n’est en rien une arme de critique, seulement un témoignage. L’écrivain est un témoin de l’époque dans laquelle il vit.

Ce témoignage vivant laissé à l’humanité par la littérature est plus réel que l’histoire écrite par le pouvoir politique, car le pouvoir au cours des époques n’a de cesse d’amputer et corriger l’histoire pour lui faire servir les besoins politiques réels, chaque histoire rédigée par les officiels du pouvoir politique doit changer de visage. Les œuvres des écrivains, une fois publiées, ne peuvent être changées, leurs promesses à l’humanité sont beaucoup plus fiables que l’histoire écrite par les officiels, qui sont intimement liés aux intérêts réels du pouvoir politique d’un État.

La littérature est loin du pouvoir et aussi loin du goût du grand public. Le marché contrôle le goût du grand public, il contrôle la mode par le biais de la consommation. La littérature sérieuse ne cherche pas à plaire au grand public, elle n’est pas produite pour satisfaire les besoins du marché et, en conséquence, se diffuse très difficilement. Pour les éditeurs en premier lieu, elle ne rapporte que peu de profits et il leur est donc difficile de l’éditer. Inutile de taire que les best-sellers sont liés à des manœuvres commerciales. Dans la consommation culturelle de masse figurent évidemment des œuvres littéraires. Comme il a toujours existé une distinction à toutes les époques entre culture populaire et littérature sérieuse, il en va de même aujourd’hui, mais les manœuvres commerciales se sont aujourd’hui internationalisées et massifiées ; pour produire un best-seller de nos jours, le processus est le même que pour produire un film : il ne faut pas seulement viser le public de son propre pays, mais dépasser les frontières et la spécificité des langues. Cette littérature de masse n’a rien de critiquable. Chaque lecteur a des goûts différents, et des besoins différents suscitent des produits qui leur correspondent. La colère et la condamnation ne parviendront pas à sauver la littérature.

Pendant la première moitié du vingtième siècle, les écrivains pouvaient encore fonder des sociétés, rechercher des fonds, publier à leurs propres frais, assurer leurs gains et leurs pertes, et même vivre de leur écriture. À présent, c’est presque devenu un conte des Mille et Une Nuits. Un écrivain qui ne se préoccupe pas des chiffres de ventes, ne suit pas les modes, ne se soucie pas des goûts du public, ne pourra pas vivre de son écriture. Il faut bien dire que se consacrer à ce genre de littérature sérieuse est un luxe. Pourtant, la valeur de ce genre d’œuvres littéraires vient précisément du fait qu’elles sont hermétiques à tout mensonge, qu’elles ne créent pas d’images chimériques, qu’elles montrent et exposent la situation réelle des hommes et tous les problèmes auxquels ils sont confrontés, et de ce fait elles plongent les lecteurs dans la perplexité tout en les incitant à la réflexion.

 

© Le Seuil 2013

© Photo A. di Crollalanza

 

 

Quatrième de couverture > Plasticien accompli, écrivain reconnu, Gao Xingjian construit depuis de longues années une œuvre personnelle, très originale et profonde. S’il se sent avant tout artiste, créateur, résolument tourné vers la pratique, il n’en a pas moins développé, au fil du temps et des textes, une réflexion théorique singulière, à rebours des modes et des canons de l’art contemporain. Dans le recueil De la création, Gao Xingjian a personnellement choisi les textes qu’il désirait voir traduits en français. Il s’y exprime sur le rôle de l’écrivain et ses conceptions artistiques, que ce soit en peinture, au cinéma, ou au théâtre et sur l’attitude de l’artiste par rapport à la société, qu’elle soit dominée par un régime totalitaire ou libéral. Ces textes dénoncent le "politiquement correct" et montrent l’originalité de l’auteur qui persévère dans sa voie d’homme seul, indépendant, dont la raison d’être est avant tout la recherche du beau dans tous les domaines.

 

Gao Xingjian, né en Chine en 1940, est peintre, écrivain et traducteur, mais aussi dramaturge et metteur en scène. Son théâtre, qui mêle l'influence moderne occidentale, de Brecht notamment, et le spectacle traditionnel chinois lui a valu les foudres du régime communiste. Réfugié politique depuis 1989, il vit à Paris. Il a été Prix Nobel de littérature 2000.

 

Pages choisies par Annick Geille

 

Gao Xingjian, De la création, traduction de Denis Molcanov, Sebastian Veg et Yinde Zhang, Le Seuil, octobre 2013, 322 pages, 23 €

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