Les portraits de Mylène Besson

A travers ses poinçonnages Mylène Besson crée  des courants ascendants  qui décousent les étoiles et  déplacent les visages. Ils  ne dorment plus que d’un oeil. Chaque dessin devient le moyen de suppléer au temps où  les mots s'effilochent à la douane des chimères.


Grâce à de telles œuvres reste encore une source aux berges des derniers jours de l'année comme des premiers de la suivante. Chaque visage devient  un oiseau sans elle (ou sans lui - suivant les sexes) qui voudrait vite retrouver une clairière aux yeux de biche (ou de faon). L’idée d’exil reste dominante comme dans la plupart des « solos » et des travaux de l’artiste travaillée par les thème de la douleur et de la mort comme de ceux d’éros et du désir.

 

L’artiste renoue avec une vision de la femme qui , loin de l’exhibition ,  avance nue ou enveloppée comme venue des confins d’autres mondes. Dans les deux cas cette femme n’empêche en rien de faire surgir l’invisible, le caché. Ayant fini avec ses gisantes paradoxalement debout plus nocturnes que vivantes Mylène Besson aborde de front la lumière qui abîme les ombres. 


Certes le voyeur peut imaginer un ravin merveilleux  qui courberait le ciel et découdrait ses oiseaux d’un même songe. Mais dans la pâleur surgissent  des essaims enflammés de taches infimes et sutures colorées. L’enfant qui demeure en nous rêve ainsi de soulever les pans lourds du mystère féminin pour revivre près de la source de vie.


Jean-Paul Gavard-Perret


Mylène Besson, Eros Bacchus, Humus, Lausanne jusqu’au 15 janvier 2015.

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