Riches heures de Paul-Armand Gette

Avec l’improbable du corps féminin où tant d’écrivains font tenir l’idée de néant Paul Armand Gette développe sa propre fable du temps en exposant ses modèles au grand jour. Les parfums d’avril enveloppent les silhouettes le plus souvent décadrées par pudeur paradoxale. L’artiste capte des seuils. S’ouvrent leurs paupières et le devenir de la femme entre autant dans le cœur que dans le désir du créateur. Il sait que l’érotisme est une cosa mentale. Et s’il s’incline pour photographier le pubis c’est pour que l’invisible reste l’inconnu. Le reflet du réel pousse vers une autre vision optique.


La littéralité lentement s’abandonne. L’existence devient étrange dans l’aimantation proposée. Le regard est soumis à l’ignorance lumineuse d’une fleur invisible que ni le regardeur ni le photographe ne pourront cueillir. Néanmoins aveugle dans sa lucidité celui-ci fait tourner sa folie pour une vision libre de sens. La femme reste seule en elle-même : il y a des pétales sur ses dessous. L’artiste les recueille pour en faire l’essence qui le sauve. Et lorsque le modèle se retire l’artiste fuit dans son corps, il devient sa pensée.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Paul-Armand Gette, collection Pickpocket, editions Derrière la Salle de bain, Rouen, 8 €.

 

 

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