Frédéric Tison : la femme et son royaume

Poète aussi précis qu’aérien lorsque il parle l'amour, Tison  transforme les corps en étoiles lointaines et proches. Il fait de sa passion pour une fleur disparue une longue patience.
Plus désirable en effet devient la princesse lorsqu'elle est séparée de son guerrier. C'est comme si sa promesse ne fut que différée. D'où des mélodies insistantes mais discrètes par respect à son "silence".

Frédéric Tison rejoint ainsi celle qui ne serait désormais l'autre que par miracle. Mais surgissent ces "nuages rois" en retour, en offrande. C'est comme si la lune tendait sa psyché à un tel visage.
La langue rôde au bord des ténèbres des nuages dont les voiles se défont loin de tout énoncé convenu. Le texte devient un miroir luminescent, instrument gigogne en latence pour celle qui arme encore le scribe toujours lesté de son amour.
Les lecteurs deviennent les pèlerins d'un tel voyage de retour mais aussi de redécouverte pressentie. Et ce, en un éventail d'émotions charnelles ou divines. Clôtures et ouvertures, invitations sensorielles caractérisent une œuvre qui reste tout autant érotique que spirituelle.

Tison trouve le moyen de s'opposer au dualisme âme/corps en penchant pour une entité indivisible où tout fonctionne de manière interactive. La pensée vient de l'expérience sensorielle et vice-versa en un  travail où se combine l'expression de la chair et de l'esprit en un cycle ininterrompu.  


Jean-Paul Gavard-Perret


Frédéric Tison, Nuages rois, coll. Les Hommes sans Épaules, Librairie-galerie Racine, avril 2921, 118 p.-, 15 €

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