Emilie Panisset-Barachant : le singe descend de l’homme

A une époque où une information chasse l’autre, s’en retourner vers une vie à l’envers ne fait pas de mal. Même si elle dérange le lecteur autant que le héros (mais il refuse ce titre).
Celui-ci possède un existence ovniesque là où les frontière du rêve et de la réalité, de l’état de sommeil et de veille se confondent.

En dépit d’un cadre interprétatif qui ramène aux origines d’une civilisation - celle des Nazcas  la lutte que mène l’homme est surtout contre lui-même. Le monde de Malcolm Lowry n’est pas loin. L’atmosphère y est comparable là où une certaine régulation voudrait  cacher les souffrances de ceux qui luttent pour leur simple "survivance".

Mais le drame  de la vie prend ici des figures originales. Pas question d’humanisme compatissant  mais son contraire. Le monde est celui de perdants magnifiques ou de laissés pour compte qui n’ont pas pour but de sa faire entendre tant ils sont pour diverses raisons sourds à eux-mêmes.

L’instance "profératrice" est celle de l’épreuve de la vie qui se moque de la dignité apprise. On est bien au-delà ou en-deça. Les ombres du jour et de la nuit se confondent, comme les origines du monde avec celui de la journée d’hier. Preuve malgré tout que l’homme comme le singe peut passer la porte de l’impossible en un retour au désert.
Le narrateur y vit avec sa terreur au risque de devenir fantôme tout en cultivant, en zombie, le dur désir de durer tant que l’alcool  et entre autres - le peut.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Emilie Panisset-Barachant, De poussière et de vent, Z4 éditions, octobre 2017, 39300 Les Nans, 78 p., 13,80 euros.

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