C'est sous l'injonction de la directrice des éditions et de la revue Edwarda, qui a publié déjà plusieurs textes de l'auteur, que ce livre est né. Dominique Ristori en effet se sent bien dans un lieu littéraire qu'on aurait qualifié naguère de "dessous le manteau".
Il peut y avancer presque masqué.
Mais ici la nudité n'est pas celles des captures et séances que l'érotisme cultive. Et c'est aussi une occasion pour Edwarda d'élargir un champ d'investigation qui devient de plus en plus engagé et politique mais sans cultiver pour autant le moindre prosélytisme fléché.
Ristori est ici à la fois vrai mais roué. Il dit avoir écrit ce livre sous prétexte de glisser une scène où serait inscrite au mot près la phrase de Gide :
Comme j'entrais, elle jouait avec application une sonate de Mozart sur un piano fraîchement accordé.  
Et ce, histoire de générer le plaisir de faire résonner cette phrase.
Mais il y a bien plus. En un récit fluide en trois temps et un épilogue, sous une histoire d'amour, surgit l'histoire de la France et de l'Europe dans les années 1970. Et ce en un moment crucial car comme le dit Mathieu Terence dans sa préface, le pays est tombé dans le trou des halles pour en ressortir hub ubérisé coiffé d'espaces verts. 
Dominique Ristori en décrit la chute depuis les arcanes et les prévarications des pouvoirs.

Jean-Paul Gavard-Perret

Dominique Ristori, Taille Patron, Edwarda, septembre 2023, 160 p.-, 26€