L'année folle de Sylvie Yvert

Entre février et aout 1815, la France a vécu une de ses années les plus tourmentées : celle des Cent jours. Fin février, Napoléon s'évade de l’île d'Elbe pour rejoindre Paris. Il y parvient le 20 mars, acclamé par la population, porté en triomphe par ses soldats tandis que Louis XVIII se réfugie en Belgique. Mais, devant le soulèvement de la Bretagne et de la Vendée en mai, la défaite de Waterloo le 18 juin, il n'a d'autre choix que l'abdication quatre jours plus tard, la reddition face aux Anglais et enfin le départ sans retour pour Sainte-Hélène le 7 août.

Sur cette trame historique, deux hommes, anciens soutiens de l'empereur, Antoine, du même âge que lui, 44 ans, Charles 29 ans paraissent devant leurs juges pour trahison. 
L'un et l'autre ont connu une trajectoire météorique. Tandis que le premier « flamboie », l'autre « veille au salut de l'empire ». L'un épouse une nièce de Napoléon, l'autre général avant trente ans se marie avec une jeune fille de la vieille noblesse ruinée.
Entre honneur et retournement d'alliance, sinon de veste, nobles d'empire ou d'ancien régime, arrivistes et «  Français qui veulent du changement sans savoir lequel »Une année folle se lit comme un journal, dans lequel, grandeurs et turpitudes s'affrontent. 
Les Cent jours qui débutèrent dans une atmosphère beethovenienne, avec le retour de Napoléon dans lequel certains voient la »résurrection du Christ », virent très vite à la catastrophe. L'empereur se révèle n'être qu'un colosse aux pieds d'argile, s'apercevant après le triomphe des débuts, que toute l'Europe est contre lui, que le soutien de ses proches est fragile, que Marie-Louise ne reviendra pas.

Avec un souffle épique  hors pair, Sylvie Yvert relate le désastre de Waterloo : « où les aigles des bannières s'affalent comme à la foire », constate : « que sur la terre rouge de sang, il n'y aura pas de moissons cette année-là ».

Dans ces quelques mois, connus pour leurs péripéties politiques, l’auteur met en scène des héros aux ailes brisées par la défaite de leur chef, des entourages dévastés.
Ses personnages tout en contrastes évoluent au fil des évènements, déployant un courage inouï, ne se laissant jamais porter en ces temps où l'on ne badine pas avec les opposants . De l'ascension à la chute, il suffit de quelques heures.
Dans la veine de Mousseline la sérieuse qui donnait la parole à Madame Royale, Sylvie Yvert s'empare à nouveau d'une partie de l'histoire de France pour écrire un roman d'une incroyable richesse.

Brigit Bontour

Sylvie Yvert, Une année folle, éditions Héloïse d’Ormesson, février 2019, 330 p.-, 19 euros

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