Les clameurs de Théophile Gautier

La Comédie de la mort est le chef-d’œuvre de la période romantique de Théophile Gautier. C'est aussi sa limite. Car avec le temps surgit un certain effet de façade dû à l'époque et sa mode.

Ce recueil de poèmes est sous l'influence déclarée de Shakespeare, Goethe et Dante. Gautier en fait des tonnes pour graver avec vigueur le caractère multiforme de la mort.

Dans sa version complète le livre est composé de trois grandes parties : "Portail", "La vie dans la vie" et "La mort dans la vie". L'édition en présente de larges extraits ainsi qu'un petit florilège de poèmes tirés d'autres œuvres.

Thèmes et figures de l'ouvrage sont parcourus par la présence d’Éros et Thanatos. Le poète y chante aussi bien la rencontre amoureuse entre une jeune fille morte et un ver de terre que la mélancolie de Don Juan au regret de ne pas avoir préféré la cellule sombre et les heures noires de Faust à la voie trompeuse de l’amour voluptueux.

Reste dans cette œuvre tout un peuple de statues forcément muettes que l'auteur scénarise dans une écriture à son acmé eu égard aux canons de l'époque. Et ce n'est pas un hasard si Baudelaire dédia ses Fleurs du mal à celui qu'il considéra comme un maître.

La mort dans cet ensemble fait un cercle halluciné au sein duquel les êtres avant de disparaître suivent des chemins tortueux. Ceux qui sont nos sosies sublimés,  devant l'immuable, sont très loin néanmoins des pensées qui nous scellent. Le tout dans un flux verbal même lorsque les muses se font porter pâles.


Jean-Paul Gavard-Perret


Théophile Gautier, La Comédie de la Mort, éditions Le chat rouge, mai 2021, 264 p.-, 20 euros

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