Claire Genoux et l'amour

Ces nouveaux  poèmes comme les fragments d’un grand roman disparu  recomposent les drames brisés avec des bruits sourds de l’abandon, du couple dissout, d’une enfance qui s’en va.Ces corps tombent en duo de coups et des étreintes, en bruit d’être deux.
Dans cette Maison de personne tout chuchote mais surtout crie. Le tout dans un décalage de peur là où les images, saisissantes de violence, surgissent de façon trop brutale mais que l’angoisse ne peut  exprimer autrement.
Mais reste douleur pour prendre le temps de respirer. Claire Genoux fluidifie corps et les espaces, les fentes de la chair et celle des murs, l’ouverture de la peau et celle des portes. Tout se remplit et se vide, se fracture ou se mâche. La maison où chacun est plié dans sa peau  abrite une violence érotisée, une folie détraquée.
Les souvenirs simultanés sont impuissante à contenir : les enfants enfouis dans le jardin, le père disparu, l’animalité des êtres, la brusque effraction de la vie et de la mort. Près de la forêt, la maison est un dur cercueil contre le vent, mais il faut bien habiter quelque part, même rendu à sa solitude.
Reste un peu de douceur mais la douleur tant que c’est encore possible. Vivre continue  dit l’auteur mais et rien ne  console, et surtout pas l’écriture.

Jean-Paul Gavard-Perret

Claire Genoux, Maison de personne, Unes éditions, janvier 2024, 112 p.-, 20€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.