William Faulkner, Œuvres romanesques : tome V & fin

Avec ce tome V des Œuvres romanesques se referme le cycle qui aura vu tous les romans de Faulkner enchâssés dans la fameuse collection de la Pléiade. Que les lecteurs se rassurent, il y aura une suite ! Le tome VI rassemblera pour la première fois les nouvelles de l’auteur américain en un seul volume…
Cet opus s’ouvre sur les deux derniers romans de la trilogie des Snopes : La Ville et La Demeure. Le premier fut publié en 1957, le second en 1959, dans lequel Faulkner insère une note liminaire qui laisse à penser qu’il y présente des excuses : On trouvera des divergences et différences dans le déroulement de cette chronique particulière au long de trente-quatre années. Or, il s’agit simplement d’une déclaration d’intention : Faulkner affirme rien de moins que sa totale liberté d’expression. La vie est mouvement, il y affirme que la seule alternative au mouvement est l’immobilité, la stase, la mort. C’est donc hors de question !
Faulkner affirme, assume, revendique l’entière paternité d’une œuvre en totale symbiose avec la vie de son auteur. Une littérature vivante…

Enfin Les Larrons sont publiés en 1962 un mois avant sa mort, dernier roman de Faulkner qui pense désormais savoir tout du cœur humain et de ses dilemmes. Il s’attaque donc à un roman comique pour marier l’heureuse et souriante conclusion d’une carrière ; et il nous laisse bien plus qu’un testament mais un roman de formation ; une pièce maîtresse qui récapitule toute l’œuvre… C’est son ultime regard sur « sa mine d’or », une conclusion semble toute heureuse mais cependant plus subversive qu’il n’y paraît, offrant sur les problèmes raciaux du Sud un regard à la fois apaisé – et surtout, pour l’époque – audacieux… sans oublier la découverte de la sexualité, le Mal qui rôde toujours ; et surtout deux objets de désir antagonistes et échangeables au sein de cette famille : un cheval de course apparenté à celui de Parabole et le pétardant emblème de la modernité, l’automobile qui, avant d’être un symbole sexuel national dans L’Intrus et dans La Ville, était déjà l’un des ressorts de Satoris, en 1929…
Un plaisir de lecture toujours inégalé ; et la découverte de nouvelles traductions profondément révisées.

 

François Xavier

 

William Faulkner, Œuvres romanesques, V, Gallimard, coll. "la Pléiade n°618", édition établie par François Pitavy et Jacques Pothier, novembre 2016, 1216 p. – 62,00 euros jusqu’au 31 mai 2017 puis 70,00 euros

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