Dix bonnes raisons de ne pas lire la biographie d'Alain-Fournier par Ariane Charton
L’été où vous avez lu le Grand Meaulnes a été celui de votre premier et plus gros chagrin
d’amour. Inutile de remuer les vieux souvenirs.
400 pages pour raconter la vie d’un écrivain mort à 27
ans seulement ? C’est à se demander si l’auteur n’a pas inventé des
anecdotes pour rallonger.
Le cahier photos manque de couleurs.
Alain-Fournier a l’air de bouder sur la photo de
couverture, cela n’engage guère à découvrir sa vie.
Vous n’avez plus quinze ans (et vous êtes le premier à le
regretter), vous avez donc passé l’âge de vous intéresser au Grand Meaulnes.
Le livre coûte 8,9 euros. A la revente sur ebay ou
priceminister, il vaudra moins cher que les frais de port. Pas rentable.
Alain-Fournier est mort il y a 100 ans, au début du
téléphone et de l’aviation. Trop désuet pour nous parler aujourd’hui.
Le vert sur la couverture ne va-t-il pas porter malheur à
ma bibliothèque ?
30 pages de notes écrites serrés à la fin du livre,
tant de sérieux fait peur.
Alain-Fournier a aimé follement une femme à qui il avait
parlé 15 minutes après l’avoir suivie dans la rue et qu’il n’a revue que huit
ans plus tard tout à fait chastement. Comment écrire une biographie passionnante
sur un scénario aussi mince ?
Ariane Charton
pour le Salon littéraire
Ariane Charton, Alain-Fournier, Gallimard, "Folio biographies", février 2014, 416 pages + 8 p. hors texte, 15 ill., 8,90 €
1 commentaire
un travail fouillé et très éclairant sur l'auteur (et la genèse) d'une œuvre majeure du "roman romantique"...