Cristina Alger, Park avenue : le roman de la crise financière

Tout va bien dans le meilleur des mondes chez les Darling, une riche famille de financiers New Yorkais malgré la crise de 2008 : dans quelques heures, le clan sera réuni dans les Hamptons pour fêter Thanksgiving. Le patriarche, Carter, sa femme Inès, ses deux filles Lily, Merrill, se gendres Paul et Ross et Morty un associé que l'on considère comme un oncle, un cousin, quelqu'un qui a toujours été là.

 

Paul qui a perdu son emploi dans la finance a vite été reclassé comme avocat général dans la société Darling, s'attachant encore un peu plus à la famille.

 

Dans la nuit, l'Aston Martin de Morty est retrouvée sur le Tappan Zee Bridge, ne laissant aucun doute sur les velléités suicidaires de son propriétaire. En quelques heures la vie douce et feutrée des Darling va basculer car Morty quitte la scène en laissant derrière lui une chaîne de Ponzi qui peut valoir la prison à Carter et ses collaborateurs. Le temps du week-end, la vie s'accélère entre les avocats les conseillers de la famille et la presse déjà prête à sortir les infos le lundi matin. Comme dans une tragédie antique, il n'y a qu'une solution pour s'en sortir : trahir. Ou Paul le dernier arrivé dit ce qu'il sait  et sera rejeté par les siens ou Carter sauvera son honneur et sa liberté en livrant le jeune homme aux chiens.

 

Le récit est malgré de nombreux termes techniques assez pointus, une plongée en direct dans la faillite d'us système et d'un monde que l'on croyait déjà perdu après le crach de 2008 mais les mauvaises habitudes ont la vie dure.

 

L'auteur de ce premier roman, Christina Alger, elle-même fille de financiers New Yorkais, élève de Harvard et de la New York University school of law est féroce avec les banquiers corrompus accros à l'argent qu'elle décrit de l'intérieur mais parvient à garder un fond d'humanité à ses personnages. Aucun n'est vraiment mauvais. Carter agit pour le bien de sa famille, l'amour de ses filles. Paul et Merril évoluent dans un monde qui leur est familier mais dans lequel ils sont de plus en plus mal à l'aise.

 

À travers ce microcosme puissant et délétère, la jeune auteur pourrait bien avoir écrit, selon le mot de Jay Mac Inerney, « le meilleur "produit littéraire" que nous ait donné la crise financière ». Un livre que le lecteur dévore de bout en bout.

 

Brigit Bontour

 

Cristina Alger, Park avenue, traduction Nathalie Cunnington, de Albin Michel, janvier 2013, 464 pages, 22 €

 

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