Zita : Une impossible passion pour la course automobile

Rien n’aurait à priori du lier monsieur Leone et Zita. Le premier est un notable, un notaire, revenu handicapé de la Grande guerre. La seconde est sa bonne, une jeune fille du village.
Monsieur Leone est un fou de vitesse, il possède une voiture de course qu’il ne peut plus piloter, malgré toutes les prothèses qu’il entasse en vain dans son garage. C’est Emiliano, un jeune homme, embauché comme chauffeur qui  conduit, entretient le bolide et initie Zita à la conduite. Très vite, la jeune fille se prend au jeu, en compagnie cette fois de son patron qui décèle en elle un immense talent pour la course automobile : Toutes les images, les sons, Tous les tremblements du moteur s’étaient fondus en un seul élan. Le corps de Zita vibrait à l’unisson du paysage. 

L’employée brille dans la course de la fête des moissons, elle est deuxième. Sa place ne fait pas l’unanimité, le vainqueur refuse de lui serrer la main. Ses parents, les villageois et le curé ne savent que penser : Les écrits ne disent rien sur le sport ou l’automobile, qui n’étaient pas du temps de notre Sauveur. Cependant…

Tout est dans le cependant. Comment une jeune fille, même douée peut-elle devenir championne  en 1922 ?
Elle ne le deviendra pas, malgré ses victoires. Monsieur Leone a chargé Emiliano de l’assister dans ses courses. C’est le début de la fin. Il la séduit, dépense l’argent qu’elle gagne, prend finalement sa place derrière le volant au nom de la grandeur de l’Italie, des chemises noires qui déferlent désormais. Moins que jamais, la place d’une femme est aux manettes d’une voiture de course. Mais le talent ne se commande pas et Emiliano reviendra vite à sa vie de raté, ayant gagné au passage ses galons de fasciste.

Dans ce premier roman étonnant, rempli d’odeurs, de vibrations, de sensations, l’amour de la vitesse, omniprésent dans la première partie laisse bientôt de façon harmonieuse  place à la mélancolie des rêves brisés, des vies abîmées : Les maisons,  les bâtiments et l’église, qui restaient si élancés avaient retrouvé leur poids. Jamais monsieur Leone, le brillant pilote fauché par la guerre et Zita, la jeune sportive flouée ne se plaignent de leur sort. 
Leur passion impossible pour la course devient la métaphore d’une douloureuse et salvatrice épreuve initiatique dans un livre à la fois brûlant et touchant.

Brigit Bontour

 

Olivier Hercend, Zita, Albin Michel, janvier 2021, 233p. ; 18,90 euros

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