Anne Serre, Petite table, sois mise ! : Une vision solaire de la vie.

Anne Serre va certainement choquer les bonnes âmes, surtout dans le contexte actuel où l’on ne peut faire référence à l’inceste qu’en fustigeant l’acte et tous ses acteurs sans la moindre indulgence, à moins de passer pour une détraquée. Le sexe en littérature est toujours un sujet qui fait jaser. On peut tuer, torturer, faire preuve d’innombrables horreurs dans les romans sans problème, mais écrire le sexe, ses joies et ses dérives, c’est avancer en terrain mouvant et prêter le flanc à la badine. Or, Anne Serre n’en a cure. Jamais elle ne condamne ni ne moralise, elle poursuit juste son chemin en prenant simplement le temps et le soin de bien dire comment.

 

Ce très court roman ne prend d’ailleurs pas le lecteur en traite, dès les premières lignes il sait à quoi s’en tenir : à 7 ans, la narratrice a vu pour la première fois son père habillé en fille, sa mère est toute la journée nue dans la maison la touffe et les seins opulents à l’air, et parents et amis se manifestent leur amour de façon débridée à la vue des trois sœurs qui sont associées aux fornications dans une joyeuse insouciance.

 


Le décor est planté. Mais l’écriture sobre d’Anne Serre réussit le miracle de transcrire dans les scènes sexuelles décrites très précisément, quelque chose de l’innocence, de la pureté de l’intention de cette famille déjantée. Même si la mère est nymphomane et totalement obsédée. Il s’agit moins de vice, de déviance scabreuse que de joie, de lien de chair plus encore que de sang. C’est tout au moins ainsi que le ressent et le vit la fillette. Son corps et celui de ses sœurs ne sont pas forcés, mais conviés à s’aimer tous ensemble.

 

L’enfant conçoit cela comme des us et coutumes familiales, certes un peu spéciales, mais bien agréables. Elle apprécie la vive appétence pour la vie de ses géniteurs, la tension érotique qui règne dans la maison et trouve la normalité et la douceur ennuyeuses.  

 

« On pourrait penser qu’en vivant dans ce que d’autres auraient appelé un tel "désordre" de mœurs, nous étions très troublées. Eh bien, non. Nos résultats scolaires étaient plutôt bons, et nous avions des amis avec qui les rapports étaient excellents. »

 

Je ne raconterai pas plus l’histoire de ce livre, le format ultra court ne le permet pas, il faut laisser au lecteur le plaisir de la découverte. Tout est surprenant oui, terriblement. Mais plus que cela encore parce que Anne Serre fait parler la narratrice de telle façon que j’ai été amenée à ressentir si précisément l’atmosphère et la maison, totalement dénuées de perversion sale et avilissante. Bien sûr, soumettre ces trois fillettes à une telle manière de vivre n’est pas acceptable, mais le récit de la première partie est lumineux. La tristesse, le mal-être n’existent que lorsque la famille doit mettre en sourdine leurs débordements pour ne pas attirer l’attention sur elle et risquer d’être séparée.

 

Le livre bascule lorsque l’adolescente, à 15 ans, quitte le domicile et commence une vie d’errance dont on ne sait pas trop (ni elle d’ailleurs)  les tenants et les aboutissants, sinon qu’à 15 ans, elle atteint sa maturité et est prête pour se construire ailleurs. Anne Serre, tout en douceur renverse la machine. L’ado ayant tout connu avec son corps n’a rien pu connaître avec son cœur et son esprit. Elle ne part pas souffrante, mais errante, c’est le mot. Elle soutient que sa famille ne l’a pas bousillée, elle veut même souligner de cette vie familiale si unie dans l’érotisme, la beauté. Et malgré cette assertion, je doute un peu. Non pas de la réelle beauté de cette façon de s’aimer avec la chair, après tout l’inceste est une interdiction toute sociétale sur laquelle on pourrait disserter longtemps. Mais je doute de la réalité de la certitude de la narratrice. Son apparente indifférence à la mort de ses parents, son presque soulagement de ces disparitions, ses difficultés à faire éclore ses sentiments ne sont-ils pas des traces de fêlures ? Ou bien est-ce tout simplement le prix à payer une enfance passée sous un soleil trop chaud ? C’est sans doute dans sa volonté de ne rien renier que l’héroïne réussit à dire que « le monde avait une cohérence ensorcelante ».

 

Le titre peut paraître étrange pour qui ne connaît pas le conte des frères Grimm. Petite table sois mise est une formule qui, prononcée, pose magiquement des mets appétissants sur la table. Cette grande table luisante sur laquelle sa mère se ploie est l’objet symbolique du roman. Sur celle-ci  s’amarre toute l’enfance de la narratrice.


Enfin, Petite table sois mise !  est en lice pour le prix Sade 2012,  avec 5  autres romans en compétition :

Les Oeuvres de miséricorde, de Mathieu Riboulet (Verdier)
Nuit Noire, de Christophe Siebert (Rivière Blanche)
Les Immortelles, de Makenzy Orcel (Zulma)
Six érotiques plus un, de Jacques Drillon (le Promeneur)
Une semaine de vacances, de Christine Angot (Flammarion) 

 

Anne Bert

 

Anne Serre, Petite table, sois mise !, Éditions Verdier, août 2012, 58 pages, 6.80 €


Note de la rédaction

Nous avons pris la décision de retirer les citations qui, nous le comprenons, peuvent être de nature à choquer. En revanche, nous ne changerons rien à la critique d'Anne Bert.

D'abord nous sommes un site de critique littéraire : parler d'un livre ne veut pas dire cautionner son contenu. Il n'en reste pas moins que le livre existe et qu'il est publié par un éditeur de qualité. 

Ensuite, critiquer Sade ou Drieu La Rochelle ne veut pas dire en faire l'apologie. 

Enfin, la littérature est avant tout la liberté d'aborder tous les sujets. Et ce n'est pas inciter à la perversion que de parler de ce type de livre.

Joseph Vebret, directeur éditorial


41 commentaires

« Anne Serre va certainement choquer les bonnes âmes, surtout dans le contexte actuel où l’on ne peut faire référence à l’inceste qu’en fustigeant l’acte et tous ses acteurs sans la moindre indulgence, à moins de passer pour une détraquée. »


Anne Serre va certainement faire plaisir aux dégénérés, surtout dans le contexte actuel où l'on tente de faire admettre l'inceste et la pédophilie en faisant passer l'acte et tous ses acteurs pour des individus opprimés par la si ringarde et liberticide Morale.

Nous voyons ce que vous voulez faire. Votre nom, celui d'Anne Serre et de vos partisans ont rejoint la liste prestigieuse des militants pro-pédophiles,
déjà bien garnie de vip en la matière : Lang, Cohn Bendit, Lévy, Mitterrand et le torchon Charlie Hebdo, etc.

Ce sujet ne saurait tolérer la nuance derrière laquelle vous vous cachez.





Tout à fait d'accord avec Marie. Je remarque, en outre, que pas une seule fois dans cet article on ne trouve le mot "pédophilie" alors qu'on touche là à la définition aussi précise que répugnante de la chose. A croire que cela procède d'une volonté malsaine et malhonnête d'occulter une réalité grave que vous tentez ici de faire passer pour bénigne. Bref, ce roman ne nous donne à voir qu'un symptôme de plus de cette époque d'inversion des valeurs qui est la nôtre. 

J'ai toujours eu du mal à comprendre comment on pouvait être psychologiquement névrosée et se prétendre écrivain...

Il y a du buisness dans le roman-pédophile!

Les propagateurs de ces immondices ont-ils conscience que tout ceci va très mal se terminer pour eux ? Comment ne pas avoir l'intuition qu'un jour, très prochain, les "bonnes âmes" vont devenir des loups pour ces dégénérés ?

Une information à donner à ces derniers : toujours le peuple supporte qu'on le bafoue, qu'on le vole, qu'on lui mente, qu'on l'exploite. Il y a deux choses que jamais, jamais il ne tolère : qu'on touche à son pain, et à ses enfants.

On y est.

Il y a déjà eu, dans les années 70, un "courant de pensée" qui voulait "dédiaboliser" la pédophilie. C'est maintenant une certains littérature qui s'y emploie. Gageons que - quelque soit par ailleurs les qualités du catalogue Verdier - que le législateur saura préciser ce qui est du ressort de la Liberté individuelle et ce qui est une incitation à un acte repréhensible

« Le sexe de papa faisait nos délices. Nous n’étions jamais assez rassasiés de sa vue, de son toucher. »

Le voici l'air du temps, chargé de toute la puanteur qu'exhalent les  viscères pourries, ces poches de fange qui emplissent les crânes de monstres langoureux comme Anne Serre ou Anne Bert ; L'une décrivant jusqu'à la jouissance les actes pédomanes, l'autre se délectant de les lire et de les chroniquer ... Le doigt entre les incisives et ailleurs.

Il fut un temps où ces créatures auraient été brûlées en place publique en compagnie de leurs écrits, un temps lointain et que, naïf, j'ai longtemps considéré comme barbare. Mais la folie furieuse, à bien y réfléchir, n'est-elle pas d'avoir cessé de faire taire les cendres ? Ces êtres, de toute évidence, ne sont plus, n'ont certainement même jamais été de notre monde ?
Il est évident que notre société contemporaine les laisse faire, et il serait aisé de penser qu'après tout elles ne sont et n'écrivent que la pensée commune, "tout haut ce que tout bas" ... Mais rien ne serait plus faux, plus criminel, plus abjecte que de penser cela, que de laisser cette désertion ne serait-ce qu'effleurer nos esprits encore, eux, emprunts d'une morale pluri-millénaire !
Ce sont, à la vérité, les gens comme elles, de Gabriel Matzneff à Jack Lang en passant par Cohn-Bendit, qui depuis près de 50 ans ont répandu leurs spores dans la société, l'ont amenée à abdiquer à grand renfort de mensonges et de manipulations. Puisque l'ennemi, nous, aime tant présenter son autre joue, pourquoi se priver : Modeler et déstructurer, avilir, dégénérer ... "Tout bas" ne bougera pas, et s'il le fait, il aura le mauvais rôle, celui de l'inquisiteur !

Mais "ce que pense tout bas" n'est pas cela. "Tout bas" enrage, attends que reviennent les brasiers ...  Et ce temps viendra bientôt tant ses dents n'en peuvent plus de crispation et de couloeuvres vérolées !
Le temps viendra ... de remettre le feu aux flammes !

Cette immondice est bien la preuve que le vrai problème dans les débats actuels n'est pas de savoir si oui ou non un hétéro ou un gay élèvent le mieux des enfants. Le vrai problème, et finalement le seul, c'est le Bien d'un côté, et le Mal de l'autre. L’Être humain dégénéré peut sans doute, et malheureusement s'habituer à tout, nous le voyons bien actuellement, mais alors il faut combattre, non pas contre des individus, mais pour un Principe. Cette écrivain n'est visiblement pas dans le même camp que le mien. En tout cas le projet est clairement énoncé.

Que ce soit par la justice humaine ou par la justice divine, tôt ou tard, nous rendons sur les actes de notre vie. Votre chemin est déjà tracé...

Le prétexte littéraire, puisqu'il ne s'agit ici que d'un prétexte, permet à cet "auteur" de vomir joliment sur les valeurs morales et familiales.
Anne Serre participe ainsi de l'infiltration pernicieuse du Mal, de la corruption des repères.
La critique est aussi effrayante que le livre critiqué : fascination, excitation, fausse nuance, vrai parti pris et aucune analyse de fond ni de forme, juste une mielleuse validation de l'injustifiable.

Le principe est toujours le même quand il s'agit d'inverser les valeurs : un bel emballage, de beaux mots...mais la puanteur reste la puanteur!
La pédophilie reste la pédophilie!

Vous et l'auteur rejoignez effectivement la liste déjà bien trop longue des pro-saloperies, des dégénérés convaincus d'être propres et tolérants.

Ouvrir la porte à tout et n'importe quoi et ne pas souhaiter la refermer : un bien mauvais choix que celui-là.

Ce qui manque ici je pense c'est de la distance critique avec le sujet. Qu'on aime l'érotisme, qu'on en lise est une chose. J'ai feuilleté sade et jacquelynn susann, très bien. Ici par contre, on parle d'inceste et de pédophilie. Je ne suis pas un accroc des combats moraux mais c'est insoutenable tout de même de lire : « Le sexe de papa faisait nos délices. Nous n’étions jamais assez rassasiés de sa vue, de son toucher. » C'est une véritable horreur! et le ton de la critique laisse apparaître une tolérance, une fascination qui ne peut que choquer le lecteur le mieux disposé.

@ Sylvian Bonnet  :  vous dites "J'ai feuilleté sade et jacquelynn susann, très bien. " lorsque vous lisez Sade , vous lisez bien pire que Anne Serre ou même que mes propos,   vous lisez  là l’encensement de la pédophilie  et de d'inceste mais c'est curieux que vous dites :  .."très bien "... 

@ tous : 
Ne vous interrogez-vous jamais  sur ce qu'est la littérature ? N'êtes-vous pas capables de faire la différence entre un texte littéraire et un plaidoyer ou un manifeste ? Anne Serre nulle part  ne justifie ni ne milite pour la pédophilie. Et je ne le fais pas plus. Il y a plusieurs façons de parler de ce difficile sujet, Anne Serre a pris le parti -pris de relater cette histoire sans haine, ce qui n'est pas votre cas lorsque vous la commentez.  Je n'ai jamais toléré la pédophilie, mais ce dont je suis bien certaine , c'est que ce n'est certainement pas la langue pleine de venin et de fanatisme comme vous l'avez toute ici,  que  les enfants seront mis à l'abri des délires adultes. Le vôtre, d'une autre manière s'exprime de façon aussi dangereuse et dessert totalement ce que l'église enseigne et dont vous vous réclamez.   Quant à vous expliquer qu'un enfant puisse  ne pas comprendre l'horreur du tabou transgressé et être  d'une manière ou d'une autre sensible à l'amour physique donné avec un amour sincère,  ce qui peut expliquer sa passivité, ...ce n'est même pas la peine,  vous  êtes beaucoup trop obtus pour tenter de le comprendre. C'est pourtant  une façon qui peut tenter d'apporter des réponses à la pédophilie, pour en faire comprendre ses tenants et ses aboutissants. La littérature ne peut pas se l'interdire. Et vos vociférations haineuses, vos fantasmes de bûcher ne sont révélatrices que de votre obscurantisme...Dieu vous pardonnera sans doute car vous ne savez ce que vous dites..


alors on ne peut plus baiser en famille ? c'est quoi cette régression ??? 

Je n'ai pas lu Anne Serre mais Sade ne m'avait pas autant choqué... Peut-être suis je devenu obtus. Le "très bien" était peut-être malheureux je le concède. Je me rappelle d'une polémique au sujet d'un ouvrage de Louis Skorecki, "il entrerait dans la légende", où il parlait de ce sujet. Il est clair que notre société est devenue extrêmement sensible à ce type de sujet qu'il faut de toute évidence manier avec précaution. Un écrivain a bien sûr le droit d'aborder ce type de sujet, de créer une histoire.
Je le répète: dans votre critique, j'ai senti un manque de distance, que certains appelleront légèreté et d'autres fascination (ce que je ne crois pas) qui a pu choquer. Maintenant, je suis contre la censure. Que ce roman ait été écrit et que vous le critiquiez me va tout à fait et je ne participe en aucune façon à toute entreprise de diabolisation. Pour autant, il y a un avant et un après Marc Dutroux, trop d'enfants ont été victimes d'abus et de viols (y compris de religieux) on ne peut plus aborder ce sujet comme dans les 70's.

Je n'ai pas lu Anne Serre mais Sade ne m'avait pas autant choqué...écrivez vous Sylvain Bonnet. C'est quand même un problème majeur que de se prononcer sur un livre que l'on n'a pas lu, sur la seule base de phrases sorties de leur contexte. Non ?

Sade ne vous a pas autant choqué parce qu'il fait partie aujourd'hui de nos auteurs classiques, dont l’œuvre a intégré la Pleïade ? Alors relisez le sérieusement !

J'ai lu Petite table, sois mise et je n'y ai rien trouvé qui justifie le tribunal de sainte inquisition que l'on fait aujourd'hui à Anne Bert, pas plus que je n'ai trouvé cette chronique tendancieuse ou tolérante vis à vis de la pédophilie.

Pour info, il y eu cet automne un procès de père incestueux, dont deux des filles majeures vinrent témoigner pour lui. L'une des deux vivant avec lui et ayant des enfants de lui. Si je cite cela, c'est pour dire que ce qu'écrit Anne Serre dans son livre peut ne pas être surréaliste. Et dire (ou écrire) cela ne légitime rien, ne sous-entend pas que l'on adhère à cela.

 "Quant à vous expliquer qu'un enfant puisse  ne pas comprendre l'horreur du tabou transgressé et être  d'une manière ou d'une autre sensible à l'amour physique donné avec un amour sincère,  ce qui peut expliquer sa passivité, ...ce n'est même pas la peine,  vous  êtes beaucoup trop obtus pour tenter de le comprendre."  Je suis obtu manifestement. Merci de m'avoir éclairé !

Isabelle Lorédan, soyons sérieux un instant: je réagis sur la critique d'Anne Bert, du livre je ne connais que les citations qu'elle en donne. Je n'ai jamais dit avoir lu le livre et ne réagis que par rapport à ce qu'elle en dit. Et tous ceux qui réagissent ici font de même. Si vous êtes en train de vouloir de nous interdire de réagir sur une critique, alors nous entrons ici dans un autre débat!
Pour ma part, je n'ai jamais accusé l'auteur de tolérance ou de quelque chose de tendancieux, ce sont vos mots. Je suis bien évidemment d'accord, écrire sur une histoire ne veut pas dire qu'on légitime ceci ou cela. Sinon James Ellroy est un mafieux sadique, Thomas Harris un Serial Killer et Jonathan Littel un nazi.
Je trouve en fait cette critique confuse. Mais je ne participe en rien aux appels au bûcher (cf commentaires plus haut). Enfin, vous devez reconnaître que ce genre de sujet ne peut qu'alimenter la controverse.

@ Anne Bert "Et vos vociférations haineuses, vos fantasmes de bûcher ne sont révélatrices que de votre obscurantisme...Dieu vous pardonnera sans doute car vous ne savez ce que vous dites.." 
De quel droit osez vous parler de dieu ?
Dites-vous que face à des gens comme vous il est inutile de dialoguer une fois la barrière franchit. La protection des faibles ne se fait pas en tendant des joues ou en dialoguant sur "l'obscurantisme", quand les dégénérés passent à l'acte il faut châtié et sévèrement...

Dans nos sociétés occidentales, la pédophilie est un interdit social absolu. La société, par l'intermédiaire de la religion et du législateur a considéré qu'il s'agissait d'un crime, punissable par la loi (humaine et/ou divine). Et dans sa grande sagesse, le législateur a même mis en place un outil magique, appelé la séparation entre une personne majeure et une personne mineure. Au-delà de la responsabilité relative d'un mineur, ces "barrières sociales" ont été mise en place pour protéger l'individu dont le jugement n'était pas encore fait, toujours selon le législateur. Imposer un acte sexuel à un enfant, avec tout l'amour que l'on veut, n'en reste pas moins une atteinte à son développement, et à son jugement d'adulte à venir. C'est pour cela que c'est punissable par la loi. L'exemple mentionné de ces enfants défendant leur père ne devrait pas surprendre : n'avez-vous pas entendu parler du détournement de mineur et des réactions qu'il provoque ? Bien souvent, la victime se considère comme consentante (et pourtant, on ne parle pas là d'enfant mais d'adolescent). Alors il s'agit de réfléchir un peu sur ce que ce genre de chose peut faire à un enfant.
Au-delà d'un non-débat (au sens que nombre d'arguments sont suscités par l'émotion et pas par la raison) qui provoque des réactions telles qu'on les lit, se pose la question, selon moi, de savoir si le Salon littéraire souhaite avoir une quelconque ligne éditoriale, ou bien si, sous prétexte de liberté d'expression, on peut se permettre de publier tout et n'importe quoi sur ce site.
A l'attention de tous ceux, critiques et commentateurs, qui écrivent avant de réfléchir, et de la direction de ce site auquel j'ai jusqu'à présent eu plaisir à participer à mon modeste niveau (et histoire de paraître arrogant, dogmatique et donneur de leçons), j'adresse cette citation de Kierkegaard : "Ils ne se servent jamais des libertés qu'ils possèdent, mais réclament celles qu'ils ne possèdent pas ; ils ont la liberté de pensée, ils exigent la liberté de parole."

Un peu d'histoire littéraire. A la parution de Lolita de Nabokov, scandales !!! car l'interdit secoué par ce roman n'est pas mineur : les relations sexuelles entre une jeune fille 12 ans, Dolorès, et un monsieur, Humbert Humbert, intellectuel oisif. A lire ce très beau roman, on voit bien que la gamine est perverse et "viole" l'homme, qui certes est responsable d'avoir failli, tout en avouant à la fin du procès : "et dire que je n'étais pas son premier amant", mais une bonne psychocritique du roman conclurait en désignant Humbert Humbert comme victime ... Cette belle histoire d'une passion non maîtrisée est un drame terrible.

Certes, la société américaine de 1955 n'est pas la nôtre, mais le principe est le même : braver un interdit. D'ailleurs, Vladimir Nabokov, bon père de famille, bon professeur bien tranquille, sentant qu'il se passait quelque chose qu'il n'allait pas forcément pouvoir ni maîtriser ni justifier, a failli détruire son propre texte...  
Qui, aujourd'hui, voudrait faire interdire Lolita ? à part des intégristes rétrogrades... 
Cela non pas pour prendre parti pour la pédophilie ou l'inceste, loin de là, mais pour remettre le débat à sa place. Il s'agit de littérature. 
La littérature peut-elle tout excuser, tout justifier ? certes non, mais elle ne doit pas non plus être la cible d'attaques périphériques qui voudraient en faire une victime expiatoire !

---A Anne Bert:  vous faites un article complaisant et complice-admiratif, même, sur un bouquin qui présente la pedophilie comme  tendre et joyeuse, et vous n'aviez pas anticipé que ça choque les gens? D'où sortez vous? Et arrêtez de vous draper dans les grands mots-alibis à grandes majuscules-la Littérature, la Liberté-etc...on n'est pas à libé, ici...

 

  ---A Isabelle Loredan : Je suis attéré par votre réaction  complaisante et compréhensive pour le livre et pour la critique, et par la condescendance avec laquelle vous balayez les réactions des autres intervenants.

 Puisque vous donnez des leçons aux autres en leur reprochant de ne pas avoir lu les livres en cause, commencez vous même par lire vraiment  la critique d'Anne Bert : si vous n'y voyez pas ce que tout le monde y a vu, (une apologie de la pedophilie), c'est que vous avez tellement envie de voler au secours de l'auteure que vous en oubliez le sujet . C'est votre copine, ou quoi? Mieux comprendre la pédophilie? pour quoi faire? pour mieux l'excuser? Merci, c'est bon, ras le bol de la psychologie de comptoir et de la litterature porno-chic.

 

 Comme le dit très bien Audrey plus haut : "La critique est aussi effrayante que le livre critiqué : fascination, excitation, fausse nuance, vrai parti pris et aucune analyse de fond ni de forme, juste une mielleuse validation de l'injustifiable". Le livre pue, la critique pue autant. Et votre défense indignée pue aussi, surtout à la fin.

Puisque vous lisez, semble-t-il  couramment Sade , relisez donc les derniers chapitres de Justine, ceux où l'on sodomise les enfants de 3 ans  devant leurs parents , eux même attachés  et soumis à d'immondes tortures sexuelles y compris post mortem. Si ce genre de litterature vous séduit et vous paraît digne d'une parution dans la Pleiade, c'est votre droit le plus strict. Permettez quand même que nous conservions le droit, nous, d'être indignés par ces éloges des plus bas instincts humains, et en particulier par l'exemple on ne peut plus malvenu que vous donnez de ce père incestueux, pedophile et violeur  défendu -ben voyons-par ses victimes. Il est bien connu que les  femmes  et les enfants violés sont touts consentants et défendent  leurs violeurs  devant les tribunaux...

Merci de ne pas retourner trop quand même le concept de normalité, même sous couvert de littérature : des tarés pourraient vous prendre au mot dans la vraie vie, et trouver normal de tester la chose avec vos propres gosses, si vous en avez. A ce moment là, je pense que vous auriez une vision plus saine de cette morale "petit-bourgeoise" qui semble vous empêcher de jouir sans entraves et de lire des livres écrits sur du papier toilettes.

@ Glen Carring : Je n'ai pas l'impression, mais je peux me tromper, que la lecture que fait Anne Bert du livre d'Anne Serre, soit complaisant ou incitateur à la débauche et autres perversités inacceptables.

Il ne s'agit pas de publier tout ou/et n'importe quoi, mais de rendre compte de la diversité des parutions, tous genres confondus et l'érotisme en fait partie. Cette même évocation des choses du sexe est aujourd'hui banalisée, abordée dans beaucoup de romans, de Christine Angot à Michel Houellebecq, en passant par plein d'autres.
certes, les citations mises en exergue avaient de quoi choquer. Nous les avons retirées. Mais le livre existe, il est en librairies et, à ma connaissance, l'éditeur ni l'auteur n'ont de problème avec la justice.
Et le site est ouvert à tous les lecteurs qui ont envie de partager une lecture et par voix de conséquence toute naturelle à tous ceux qui entendent réagir et laisser un commentaire.

@ Jacques Vebret : mon commentaire ne mentionne à aucun moment le livre ou sa critique, et si, contrairement à vous, je trouve la critique complaisante (mais moi aussi je peux me tromper), je ne pense qu'Anne Bert fasse l'apologie de la pédophilie. Elle me donne juste le sentiment, comme à d'autres, d'avoir manqué de la capacité d'analyse que le traitement de son sujet nécessitait.
D'autre part, en retirant les passages incriminés, vous me donnez l'impression, peut-être à tort, auto-censure à l'appui, de choisir la demi-mesure : l'incendie est allumé, à défaut de l'éteindre, essayons de pacifier le débat.
Pour autant, il ne reste au final que le malaise d'un sujet difficile à traiter qui aura été, de mon point de vue toujours, mal traité. Resterons alors des commentaires enflammés, et une page lue un grand nombre de fois. C'est peut-être un bon début ou une bonne nouvelle, je me demande seulement si c'est suffisant.

@ Glen Carrig. Vous avez raison, le sujet et difficile et délicat. J'ai retiré les citations parce qu'elles étaient trop explicites, surtout retirées de leur contexte. Et j'ai ajouté une note en bas de l'article d'Anne Bert. 

Reste que le Salon donne à chacun la possibilité de publier une contre critique. peut-être est-ce un début de solution.

@ A Sylvain Bonnet, j'avais bien compris que vous réagissiez aux citations mises en exergue par Anne Bert, mais vous avez néanmoins écrit qu'elles vous avaient plus choquées que la lecture de Sade... Quant à l'absence de recul supposée de la chronique, aurait-elle été également évoquée si l'article avait dit que le livre était immonde ? Je me pose la question.

@ Joseph Vebret (toutes mes excuses, je ne sais pas pourquoi j'associe à tort le prénom "Jacques" à votre nom ! je suis confus) : Vous avez raison, c'est sans doute la solution. Mais je doute que la seconde critique aura autant de réactions que celle-ci. Dans ce domaine, c'est souvent le premier qui a parlé qui a raison.

@ Isabelle Lorédan (je prends la liberté de répondre à votre commentaire à l'attention de Sylvain Bonnet, car j'ose penser qu'il partagera mon opinion à ce sujet, et j'espère qu'il ne m'en voudra pas de le faire) : si pour vous dire d'un livre qu'il est beau ou immonde résume le travail du critique, je pense que nous n'avons pas la même conception du travail en question. Je ne vois aucune réflexion dans la critique ci-dessus, aucune recherche d'équivalence, de conceptualisation ou de mise en perspective, quitte à citer Nabokov, Sade ou d'autres (alors qu'elle le fait dans l'une de ses réactions). Il n'y a pas non de plus questionnement sur l'enjeu que représente le sujet (dire en introduction que la bonne conscience populaire va s'affoler, je n'appelle pas ça une analyse). Se pâmer devant la beauté d'un texte ou au contraire crier à l'horreur est à la portée de n'importe quel imbécile, et Anne Bert a prouvé, une fois encore dans ses réactions, qu'elle ne l'était pas. Or, on lui demandait précisément de ne pas l'être dans la critique, sinon donnons-lui un autre nom.

Puis-je me permettre plusieurs suggestions ? Personne ici n'a lu le livre incriminé, donc, lisez-le d'abord, c'est le 1er réflexe, le plus raisonnable que devrait  déclencher ma chronique et que devrait vous dicter votre intelligence, car réagir  si violemment à un avis sur un livre n'a pas de sens si on ne connaît pas le livre, d'autan tplus que vous n'avez lu dans mon billet que ce que vous avez voulu y lire ou interpréter.   Et  puis  ensuite,  après votre lecture, rédigez votre avis ici sur le Salon , pas en commentaire sur ma chronique, mais dans un article  bien à vous qui sera dans le fil d'actualité, donc lu et classé avec les autres sur le sujet. D'ailleurs, je vous signale au passage qu'un autre rédacteur du Salon a chroniqué Petite table soit mise. (cf rubrique érotique) 


Ensuite, ( et notamment Glenn Carrig)  sachez que sur ce site il n'y a pas de critiques professionnels, ni de rédacteurs pro. Nous sommes tous des lecteurs qui ne faisons que donner un retour de lecture sur les livres qui ont retenu notre attention. Je ne suis pas CRITIQUE, je suis rédactrice d'un avis.  (voir l'onglet "équipe") et les  mots ont un sens ... et je si veux bien expliciter mes propos, je n'ai en aucun cas à devoir me justifier d'avoir ressenti ceci ou cela à la lecture d'un livre.
A ce propos, je vous invite à lire l'entretien que j'ai eu avec Joseph Vebret à ce sujet et c'est ici :

Et enfin soyez bien sûr que si vous publiez un avis sur un livre dans lequel j'aurais l'impression, par mauvais esprit  bien sûr, que vous encensez les méthodes de l'inquisition,  de la mise au bûcher, des autodafés, de l'incitation à la haine et à l'insulte, je prendrai le temps de lire le livre en question et je me pencherai sur mon clavier pour vous opposer,  fermement mais civilement mes arguments sans pour autant réclamer votre éviction ou la censure du livre et de votre billet.


oups, pardon, ne croyez pas à une provocation de ma part, je me suis trompée de lien pour l'entretien, c'est ici :


Chère Anne, vous avez tout à fait raison, chaque mot compte : je ne vous demande pas de vous justifier mais d'argumenter vos propos.

C'est tout à votre honneur que de laisser parler votre cœur, mais en agissant ainsi et en déclinant toute responsabilité une fois votre texte posté sur le site, vous ne pouvez pas espérer des réactions intelligentes et argumentées à un propos dont le but n'est d'exprimer qu'un ressenti.
Vous aurez remarqué, je l'espère, que je ne m'associe pas aux propos haineux ou stupides qui ont pu être postés. Mais exprimer son ressenti et reprocher aux autres d'en faire de même me semble déplacé. Maintenant, je vous donne raison sur le fait  de réagir sur le livre une fois qu'on l'a lu. C'est pour cela que je me suis permis de ne réagir qu'à votre critique, et au sujet abordé, sans juger le livre présenté.
Tout comme vous, enfin, je ne me considère pas comme un professionnel de la critique, mais il y a certaines exigences que nous pouvons, et que peut-être nous devrions, partager. Car la publication d'un texte, quel qu'il soit, implique selon moi une certaine responsabilité vis-à-vis de ceux avec lesquels on souhaite les partager. Étant vous-même écrivain, je suis persuadé qu'à défaut de le partager, vous comprendrez mon propos.

Glen Carrig, n'ayez crainte, j'ai remarqué que vous n'étiez pas dans la meute...ok, parlons-en alors : je pense, en relisant mon billet, que tout le monde peut comprendre que j'explique simplement en quelques mots  que je trouve lumineuse  la voix enfantine ("mais le récit de la première partie est lumineux") qui relate  les agissements  pervers de ses parents ("Bien sûr, soumettre ces trois fillettes à une telle manière de vivre n’est pas acceptable") . Je m'attache à parler de l'écriture de la romancière qui réussit à redonner à cette enfant la pureté de son innocence dans un univers pervers, parce que l'enfant du texte doute que cela soit "bien" ou "mal".  Je relate cela parce que c'est cela, précisément qui a retenu mon attention.  L'argumentation est nécessaire lorsqu'on émet un jugement, un positionnement fort sur un sujet, lorsqu'on attaque ou défend quelque chose. Or je ne dis pas autre chose  que l'inceste n'est pas acceptable et que l'écriture est lumineuse, et je dis comment elle est lumineuse , j'entends dans cette "lumière" , la sobriété de la narration, très expressionniste, qui peint le tableau sans fioriture. Je parle de "technicité"  du verbe si vous préférez...de l'art de dire.

 et je dis aussi plus loin :
" Elle soutient que sa famille ne l’a pas bousillée, elle veut même souligner de cette vie familiale si unie dans l’érotisme, la beauté. Et malgré cette assertion, je doute un peu. Non pas de la réelle beauté de cette façon de s’aimer avec la chair, après tout l’inceste est une interdiction toute sociétale sur laquelle on pourrait disserter longtemps. Mais je doute de la réalité de la certitude de la narratrice. Son apparente indifférence à la mort de ses parents, son presque soulagement de ces disparitions, ses difficultés à faire éclore ses sentiments ne sont-ils pas des traces de fêlures ?"

Maintenant, vous parlez de responsabilité que nous devrions avoir envers ceux avec qui on partage nos billets. Sincèrement, je m'interroge sur cette notion de "responsabilité" , qui impliquerait que ceux qui nous lisent ont besoin d'être en quelque sorte mis sous notre tutelle , suis-je "responsable' de celui qui me lit ? n'est-il pas suffisamment adulte, suffisamment mûr,  rodé à la littérature pour savoir que celle-ci embrasse le monde tel qu'il est avec ses travers, ses ombres et sa lumière ? Dois-je dire le bien et le mal ?  Ai-je le devoir de dire explicitement : "l'inceste c'est mal " alors que je parle de l'écriture d'un livre sur le sujet ? 
Et lorsque j'écris un livre, dois-je l'écrire en pensant que mes lecteurs vont être incapables de s'emparer eux-même du texte ? Dois-je leur faire une grille de lecture ? Non, vraiment si je comprends ce que vous me dites, je ne partage pas votre point de vue du tout ,  j'estime que les gens ont en eux la capacité de réfléchir, de se forger leur propre conviction, je ne suis pas une pédagogue lorsque j'écris un billet sur un livre, ni un prof de français...Mais le sujet est intéressant. Cela me rappelle une conversation récente, mon interlocutrice supposait que le lecteur devait se suffire du texte écrit, sans réfléchir à ce son contenu  sous prétexte qu'il avait été écrit pour délasser.
Il me vient aussi l'idée que tous les romans qui parlent de crime de sang, de meurtre, d'assassinat, répréhensibles par la loi, passibles de prison, ne sont pas ainsi mis au pilori par les bonnes moeurs, on chronique ces livres sans devoir dit que c'est mal non ?

Merci de votre réaction. Je ne vais pas ici entrer dans le détail, juste deux remarques. La 1ère sur votre relecture de votre propre texte : sans avoir lu le livre, quand je lis "le récit de la 1ère partie est lumineux", je ne lis certainement pas que "la voix enfantine est lumineuse".

Et ce 1er point illustre parfaitement mon second : la 1ère de nos responsabilités est celle de la clarté. Or, ce qui était clair dans votre esprit ne l'était ni dans ma lecture ni dans celle de ceux qui ont réagi si excessivement. 2nde responsabilité : sur un sujet de société aussi sensible, vanter le style d'un écrivain sans replacer le sujet dans un contexte ni prendre position, c'est espérer de vos lecteurs ce que vous refusez de faire vous-même. Ce qui m'amène à la 3ème responsabilité (il y en a forcément d'autres, mais évitons de chercher pour rien) : être honnête avec le lecteur, en n'attendant rien de lui.
Dire ce qui est bien ou mal n'est qu'une question de point de vue. Mais refuser de prendre position, c'est  toujours cautionner le pire, ou en tout cas en être soupçonné(e). Ce qui ne me semble pas non plus votre but.
Si vous souhaitez aller plus loin dans cette discussion, je suggère que nous le faisions en message direct, et de laisser à d'autres l'opportunité de s'exprimer ; je pense que vous comme moi avons eu l'opportunité de le faire. Bien à vous