Robert Ireland : écrire et faire

Il y a "intra muros" – et même si ce n'est pas l'objet du livre – ce qui devient des conseils à un jeune artiste auquel il manque – mais c'est vrai aussi pour les plus âgés une relation pure aux choses.
Car pour la création il y a bien sûr le moment magique de la découverte, de l’expérience, du faire. Mais ce n’est qu’une portion congrue face à tout ce que cela entend et nécessite matériellement.
Le périphérique est donc essentiel. Et cela n'est pas anodin dans l'économie d'un tel livre, sorte de journal presque intime de la création,

Et de fait dans un travail que certains pourront trouver outrageusement narcissique, l'artiste nous entraîne dans sa fabrication des images et la mécanique dont elles dépendent mais dont il faut parfois se déprendre. Ne pas le faire reste pour Ireland un écueil majeur. D'autant qu'il faut du temps pour faire advenir à soi les images et préserver tout ce qui pourra contribuer au travail de l’artiste.

Ce que le plasticien écrit convient à bien d'autres types d'actions et de travaux.
Et l'auteur d'oublier par sa propension à l'égo que la discipline qu'il décrit n'est pas l'apanage des artistes. Ce qui n'enlève rien à sa démonstration et dans la difficulté de se remettre en état et dans le coup une fois les obligations familiales ou autres évacués. Emane une belle leçon d'apprentissage là où chaque petit pas dans le sens de la création semble me coûter.
Le "semble" est important.


Jean-Paul Gavard-Perret

Robert Ireland, Images amies. 2014-2021, coll. Shush Larry, art&fiction, Lausanne, janvier 2022, 216 p.-, CHF14,90

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