Claude Bolduc : le pluriel de l'acte

Avec Claude Bolduc au-delà de la chambre et ses draps froissés le sexe entraîne jusqu'à un absolu qui conduit plus loin que l'érotisme. La spéculation métaphysique prend ce détour afin de provoquer le tatouage de l'âme sur le torrent du corps. On se doute qu'il ne peut rester seul dans son lit. C'est pourquoi l'artiste l'harnache comme pour le canaliser. Car il doit le soulever plus haut que son argile. Il doit atteindre un ciel, sa brune de lune, liant des sensations intenses de divers registres. Chaque corps cherche certes le corps il cherche aussi une âme. Parfois confusément, mais parfois avec grâce - mais pas toujours puisqu'il fait avec ce qu'il a. Par les effets de peau et de carapace il n'est apparemment d'autre miroir que la lubricité.

 

Cependant Claude Bolfuc l’habille jusqu’au vide du ciel ou dans culs de fosse où joue la jubilation des hasards et où l’amour se consomme maladroitement. Les couples deviennent parfois l’éphémère brasier de deux corps mais ils mûrissent parfois des fruits imprévisibles et mystiques. Fière de ses deux mangues de Satan qu’elle néglige de cacher la femme elle-même devient la prêtresse. Elle cultive le myrte plus que la fornication. Elle exauce par l’invincible profondeur qui se refuse à refléter les peur de chevaux sans crinières qui, la lune au poing, en appellent moins aux orages du soir qu'aux étoiles qui peuvent éclairer leur destin de sable.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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1 commentaire

Je tombe par hasard sur vos mots... Fascinant ce que les oeuvres peuvent livrer lorsqu'elle deviennent autonomes... langage libéré hors du créateur... Je vous suggère quand même ma lecture personnelle qui engage sans retenue, Éros et Thanatos dans cette danse-lutte qui a germé dès les premiers instants de Vie...