Waclaw Wantuch : révision générale


 

Le photographe Waclaw Wantuch est spécialisé dans le nu en noir et blanc. Toutefois le genre est traité selon la pure recherche de formes abstraites.  Si bien que - au mieux - le « réalisme » ressemble à des torses de statues grecques ou d’aliens. Le corps s’il est saisi de manière érotique pour une part reste avant tout la métaphore de formes épurées afin que la jouissance soit celle du regard. Jouir ici contient uniquement le « oui » de l’art pour l’art.  Creux, rotondités, saillances, sillages  renouvellent le graal de la nudité. Tout est marmoréen, pétrifié. Le nu entrave ce qu’habituellement il laisse espérer. Ses formes semblent fortuites, intempestives, dégagées de l’identité féminine.


Devenant en quelque sorte « défaillant », le corps conquiert du sublime. Tel un reliquaire dont la relique s’évade il consent à apparaître selon une "matière" dégagée des tyrannies pulsionnelles qui ne sont que des erreurs. La particularité de l’œuvre tient à cette expérience concrète de l’indicible et de l’oubli. Celui-ci se confronte à l’effacement de quelque chose de friable et à l’enfouissement de ce qui est le plus attendu. Tout s’organise  L’œuvre anticipe un dessein qui manque souvent à la photo de nu. Le corps implique un sevrage, une pénurie pour rejoindre ce qui jusque là échappe à la photo genre.  Elle impose la renonciation à certains « rêves » et indique un plaisir qui ne sombre jamais. Demeure le poème des formes dans ce qui est le plus souvent le foyer du manque.


Jean-Paul Gavard-Perret

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