Catherine
Merdy affranchit les représentations qu’elle propose en les donnant comme
fiction. Celle-ci les dérobe à toute stabilité, à toute positivité, à toute
volonté de contrainte. Elle cherche aussi à révéler la relation paradoxale qui
lie et délie le corps au paysage. Et c’est là son enjeu entre image et réalité,
existence et non existence dans un jeu de cache-cache et de révélation selon
une relation où le paysage est mis en exergue. Il se révèle plus important que
ceux qu’il écrase. Mais l’artiste suit à travers lui une errance personnelle qui
devient le fondement de son travail. Catherine Merdy déclenche son appareil « de manière instinctive et physique,
sans forcément viser, comme on joue du hasard, comme une paupière qui cligne,
pour capter et garder les mouvements spontanés et les couleurs changeantes de
la vie ». Dans de telles prises du monde urbain parsemé de signes et
consignes les êtres se perdent au moment où l’artiste mesure leurs dérives.
Dans ses diptyques deux images inaliénables
créent des rapports et histoires inédits. Une mise en abîme et une reconstructionpoussent à la réflexion face aux « choses »
de la vie et de la ville. A Paris,Bruxelles, New-York, Beyrouth (entre autres)la créatrice par ses déambulations nocturnes
et photographiques devient l'actrice aventurière des jours de tous les jours et
de comprables nuits. La vie surgit à l’état brut dans un réel qui redevient un
territoire inconnu. Catherine Merdy parle a juste titre de son travail comme d'« explorations-voyages propre à interroger la vie urbaine. Il
s’agit chaque fois d’atteindre le merveilleux des « immondes cités » dont
le cœur change plus vite que celui des mortels (contrairement à ce que pensait
Baudelaire). Pour le prouver, à la
perfection perfection technique Catherine Merdy préfère ses « toyscameras » (Lomo
LCA, Lubitel, Sténopé). Ils laissent le jeu libre à la liberté loin de tout
souci de mise en scène ou de « documentarité ».
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