Les princesses de Valérie Dehoux

 

Les Princesses de Valérie Dehoux sont d’habiles traîtresses sans que leur collage gène. Bien au contraire. Sous leur feinte de naïveté le voyeur est pris en un leurre poétique et doux. L’artiste embaume ses hirondelles qui n’ont rien de naïves au mirage des ressemblances qu’elle invente. Valérie Dehoux y glisse des indices comme au fond d’un jeu de piste. Chaque portrait devient l’icône dont l’aura reste indélébile.

Qu’importe alors si le temps passe : l’œuvre le tient même si la proximité pour atteindre de telles silhouettes demeure infranchissable. Elles sont là, elles sont loin. La nuit elles luttent avec les monstres qui les charcutent, mais le matin les en délivre et il les transforme en Princesses qui préparent un café. Chaque collage devient une histoire avec une succession de détails et des bijoux ravis. Chaque oeuvre largue les amarres loin de la glu des quotidiens.

Les Princesses mêlent les temps et les galaxies. Parfois la créatrice ferme les yeux pour devenir voyante et donne accès à l’infiniment lointain. Le regardeur est soumis à une instance flottante. Il ne se demande même plus comment il pourrait en sortir indemne sa tête malade. Mais cela est jubilatoire comme le jaillissement d’eaux lustrales au sein d’une intimité cocasse.

Jean-Paul Gavard-Perret

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