L’arbre nous arrache à nous-mêmes. Son injonction silencieuse est le seul recours : nous voudrions toujours être en son centre, il est le cœur de ce que nous ressentons. « Venez dans mon royaume » dit l’arbre : temps qui n’en finit pas de s’incarner et en emporte le quotient. Mais noyé dans la masse d’une forêt, celle-ci devient muraille et non refuge.

Pour créer des lieux aussi angoissants Eva Jospin choisit le carton. Le matériau souple lui permet par des gestes précis de créer un théâtre étrange, impénétrable et impressionnant. L’œuvre suit son cours en ce seul univers obsessionnel. L’artiste y exprime son émotion et son imaginaire. La forêt devient le lieu des ténèbres et leur extase troublante. Elle ne connaît pas les fées et leurs tendres pétales. Reste le rappel de nuits de légendes archaïques et la métaphore du monde.

Jean-Paul Gavard-Perret