J-G Cosculluela par delà la vallée des larmes

                   

 

 

Jean-Gabriel Cosculluela, « Faire la lumière », gravure d'Anik Vinay, Atelier des Grames, Gigondas, « Vallée », gravure d'Anik Vinay, Idem.

 

Pendant un temps pour le poète  il n’y eut pas de réponse.  Puis  il y eut un peu d'eau vive. Un peu d'eau  contre les larmes et pour la vie.  Depuis il n’a cesse de creuser le silence et de retrouver le temps de passé qui revient au présent : « Devant sa maison, affouillée, il y a la marelle, il n’y a pas de paradis, il n’y a pas d’enfer. Il y a eau. Il y a terre. Il y a sable. Il y a silence. Il y a où. Où sauter dans la lumière ? Il y a maintenant un enfant dans cette marelle de premières lettres qui s’effacent presque. » Oui, il y a l’enfant qui revient. Avec sa douleurs, son plaisir. Et voilà pour le maelstrom d'émotions.  

 

Très vite une ondée passe lavant les yeux. L’empreinte  révèle le secret des disparus. Sa maison le poète la crut morte. Il mourait en elle de la savoir hantée. Mais il en rouvre les volets, les fait valsent. La poésie a troué le trou de sa maison de l’être.  Le monde y est entré. L’auteur « par les mots, dont il ne retient que les premières lettres, il revient à ce lieu abandonné, il reconnaît la terre, les maisons, sa maison, dans l’eau ». Des mots plongent, surnagent. Ils savent que tout a une fin. Ils le disent, en ne disant rien, en disant tout. Cela remue comme la baleine où Jonas échoua. Cosculluela rouvre son carnet, note des extraits de son brevitate vitae et demande parfois à des artistes de l’accompagner. Anik Vinay par exemple et entre autres. Une féerie relie les espaces entre elle et lui. L’haleine  de l’encre de l’un dans celle de l’autre. La langue de l’un redouble l’autre  d’une langue à l’autre, les espaces se rapprochent  sans qu’ils se rejoignent. Cela est important afin d’éviter les redondances.

Mais pour le poète un fil relie l’eau du présent à la terre du passé : « La terre ne lui paraît exister que dans ses fragments, dans son sable, où le vide – le sentiment de vide - se serre avant l’absence ». Chaque texte mêlé à l’eau, mêlé à la terre, retourne à sa boue : le  silence s’y écoule lentement   mais si le temps erre la nuit devient la lumière dans la nudité du mot écrire.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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