Inferno : Dariusz Klimczak

                   

Dariusz Klimczak crée depuis plus de 30 ans des photomontages nocturnes. Le Polonais réfère généralement la noir et blanc pour créer des atmosphères qui en dépit de leur caractère souvent lugubre pousse autant au sourire qu’à la réflexion. Chaque photographie renouant avec les éléments premiers deviennent des récits d’abyme. Surgit un  présent éternel ou mythique dont le devenir est pathétique. Chaque cliché semble venir des très loin là où tout est primitif et sophistiqué. L’artiste s’éloigne du Paradis tout en s’approchant de la terre ou de l’eau allant d’erreur en erreur, au plus fort de l’exil. Chaque photo devient un soliloque optique qui se métamorphose en dialogue tant il interpelle. Le cliché donne à la fuite du Paradis l’aspect d’une marche au désert toujours plus près de l’Enfer.


L’angoisse n’est en rien bradée. Elle trouve là une évidence bouleversante. La poussée vers le néant est à la fois  « énergisée » autant que contrariée par la survivance de l’humour. Il y a là un repli et une imminence dans la saillance d’un espace lacunaire et dévasté. L’espace physique devient quasiment conceptuel comme le sont  le Paradis et l’Enfer. Orphelin de tout l’artiste (et auteur) impose un acte de clôture, de privation. Néanmoins il éclate de manière lumineuse dans ce qu’il ouvre de brèches afin de soumettre le regard et l’esprit à un champ inédit de perception et de conceptualisation.


Jean-Paul Gavard-Perret


Dariusz Klimczak :voir sur Corridor Eléphant, septembre-octobre 2015.

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