Coco Fronsac : pas vus mais pris

                   

Coco Fronsac est l’héritière de Dada et du surréalisme. Son merveilleux - décliné selon plusieurs registres et montages - caresse la chimère. Fidèle à sa nature elle est chez la créatrice celle qui séduit et inquiète. Un sentiment d’étrangeté s’empare du regardeur là où par effet de réel commence un voyage entre le fantastique et une certaine folie. Par exemple ses dormeurs (dont l’artiste ferme les yeux) sont à la fois figés et habités par on ne sait quel obscur passé ou rêve. Partant de photos de famille (qu’elle chine sur des vides greniers) la créatrice propose  « du temps passé ou du temps pas vu ». Et si la puissance mémorielle n’est jamais exclue l’œuvre propose moins des survivant(e)s que des survivances.

 

Elles font abstractions des normes et des convenances. Il en va de même avec « Né(e) sous X, La mort n’en saura rien, Trous de mémoire, Chimères et Merveilles ».  Ces séries de portraits décalés sont repris non seulement aux portraits de famille mais aussi  à des sculptures et des masques d’Afrique, d’Océanie, d’Asie, des Amériques et même de l’imagerie populaire européenne. Coco Fronsac cultive à travers ces reprises  le décalage et multiplie au besoin leurs adjuvants plastiques. L’univers est burlesque. Y figurent parfois ses ancêtres putatifs et les « rêveurs définitifs » que sont   André Breton, Yves Tanguy, Giorgio De Chirico, Marcel Duchamp, Sophie Taeuber-Arp. Chaque série devient un petit traité de l'art  et de la sagesse aux images dilatées et elliptiques qui troublent le regard.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Exposition « Les diables et les dieux", Château de Tanlay - 89430 Tanlay jusqu’au 20 septembre 2015,  Exposition «  La belle et les bêtes », du 8 Septembre au 3 Octobre 2015, Galerie Vallois, rue de Seine, Paris 75006.

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