Indices et aspirations de Marion Tivital

                   

Les paysages de Marion  Tivital sont - et pour parodier et titre de Sofia Coppola - des « lofts in Translation ». S’y traverse des façades pour atteindre des lieux à la fois proches et lointains. L’hyperréaliste se mêle à la fantasmagorie. L’artiste sait que franchir la frontière du réel, modifier les manifestations visibles, transformer leur perception restent ce qui un plaisir qui fascine. Les hybridations cassent les frustrations : peuvent surgir  des phosphorescences mystérieuses où sur les ruines du réel se redessine une architecture admirable nourrie de la clarté.


Le jeu de la proximité et de la distance est plus complexe que certaines prophéties le suggèrent. Mais Marion Tivital anticipe ce qui tend à modifier nos paysages. Elle propose aussi la possibilité d’atteindre des environnements sensoriels inédits à travers des mises en scènes et en jouant sur les matériaux, les couleurs, les lumières.  Le paysage prend une valeur hypnotique. Il agit sur la perception sans emprunter le détour de la symbolisation. L’artiste préfère jouer d’une « monumentation » particulière entre le flou et le précis. Le réel soudain redevient habitable. Et même si l’individu est absent des images, il pourra pourtant y trouver une matrice dynamique et « avènementielle » loin de ce que l’architecture classique a "monté" (et tout en s’appuyant sur elle).

Jean-Paul Gavard-Perret

Marion Tivital, "Fictions du réel", C.N.G. Paris, du 12 janvier au 20 février.


Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.