Marie Boiton : exercices de délicatesse intempestive

                   




Les portraits de Marie Boiton sont « trompeurs ». Avec leurs couleurs sombres, colorées et vives, ils  peuvent paraître violents. De fait ils demeurent aussi dynamiques que complexes et portent en eux une sorte d’aura. Une émotion nouvelle surgit en un geste essentiel au moment où de partout (et de nulle part) le monde nous submerge d’images. Mais le « miroir » des portraits de Marie n’est pas reproduction : il produit une présence. Le circonstanciel  apparent devient sans importance puisque une réalité autre s’étend.


 


Nourri des divers héritages la Grenobloise instruit des jeux d’optique en ce qui devient une suite d’images mentales chargées  d’un large spectre d’émotions visuelles. L’humour et la gravité, la dramatisation ou le jeu créent une rythmique étrange : «quelque chose suit son cours » (Beckett) qui ne peut s'arrêter et dont l’œuvre est l’élan. Avec Marie Boiton l’art échappe à une vision déceptive dans laquelle les approches plastiques sombrent par facilité ou manque d’énergie et d’imagination.


 


En colère ou épuisés, les corps semblent bouger tant leur présence est forte. La substance picturale crée une identité particulière  et une épiphanie d’un nouveau genre. L’artiste habille les corps de leur ombre par effet de textile ou les revêt de pigments qui font d’eux des primitifs du futur. Parfois les corps sont proches de nous mais pour que nous les percevions tels que nous sommes : incomplets que consistants. Exit l'être tel qu'il se rêve. Surgit un portrait plus sourd. Il indique qu’il n’y a jamais de chemins conquis à la présence.



Jean-Paul Gavard-Perret



« Marie Boiton - Carnet », « Envol », Eric Higgins, Saint Jean de Monts, 2016.


 



 

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