Les émulsions d'Aurore Le Duc

                   


Aurore Le Duc aime travestir le réel et se travestir elle-même. L'artiste pratique en effet les dédoublements (même footballistiques). S’érige un plaisir secret bien éloigné d’une orgie romaine. La créatrice ne propose au voyeur que la ruine des songes lorsqu’elle devient vedette masculine du rock ou une madone chanteuse. La « Star » par définition reste lointaine. Son  insoumission n’est pas du fait du voyeur. Certes  désirer et voir est identique. Le désir voit, il est indestructible. Néanmoins il est soumis par l’artiste à une voluptueuse perte. Nulle question pour elle de jouer à Polyphème et Galatée.

 

Le regard n’a pas raison de l’absence  du corps programmé par sa présence modifiée. Dans cette belle torsion la femme reste jaillissement et mystère. Son corps est ravi : à savoir comblé mais emporté. Jamais le voyeur ne pourra se vanter d’en devenir le « médicamant ». C'est insidieux et souvent irrésistible. L'artiste arrondit des angles pour mener le regardeur à la rencontre de ce qu'il rêve ou de ce qu'il fuit. Pour elle le réel ne rentre pas dans des cartons.
Même si tout est calibré pour s'empiler, se ranger l’artiste pratique le trouble et le chaos qu’elle organise. Le réel est recyclé selon de nouveaux paradigmes. Il ne s’agit pas de le brader sur un stand de tir mais de lui donner une autre épaisseur en des mises en scène dégingandées.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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