Habiter le silence : Veronika Marques
Chaque photo de Veronika Marques parle l’amour et peut-être son impossibilité. Tout est de l’ordre de la hantise et de l’approche. Comme si l’autre devait restée l'inconnue au seuil (presque) infranchissable. Parfois une fulguration a sans doute eu lieu mais rien n’en sera dit ou montré. Tout reste dans le silence ou son image. Les femmes ignorent le sourire : tout est grave en des temps de pose. Existerait-il un soleil de l’amour s'il n'y a plus d'innocence ?
Demeure une fièvre des plus discrètes. Comme si les femmes voulaient rien, voulaient tout : accords, et désaccords. Au sein de la rencontre tout demeure en attente. Des lignes de force s’aimantent là où la quête semble sans objet précis en des instants de recueillement. Le masque du désir ne se fend pas ou si peu. L’entente est aussi difficile à nier qu'à affirmer. Elle est prise dans la nécessité d'être affirmée et niée. Reste un jeu de labyrinthe qui avant de présenter à une femme le miroir dans lequel elle verrait une autre lui accorde la pure contemplation de celle qui demeure à distance.
Jean-Paul Gavard-Perret
Veronika Marques, “Self-portrait Autoretrato”, Centro de fotografía Montevideo (Uruguay), 18 E., “Camilla” : http://www.veronikamarquez.com/works/camila
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