Manon Gignoux : sans dessous dessus

Le dessin, ici - comme ailleurs dans l'œuvre, la sculpture, la performance, l’installation et la vidéo - détourne le vêtement. Il devient présence de l’absence. Décroché du corps il n'est plus que traces de présence.

Les femmes de Manon Gignoux ne sont plus traversées par l’ondoiement de tissus. Ce qui couvrait (jusque là) ne dévoile plus rien. Et pour cause. Reste sans doute l’effet civilisateur du vêtement. Mais il demeure volontairement sans effet.

En jaillit le questionnement sur la sexualité jamais vraiment apprivoisée, là où l'érotisation prend un nouveau tour et reviendrait presque à la bannir.
Le vêtement à la fois offre et refuse. L'étoffe reste un espace vide mais pas forcément voué à ce qui serait l’exigeante virginité de moniales ou à l’effroyable humilité des filles déshonorées.

Une évasion par l’imaginaire éloigne – apparemment – de la chair. Demeurent pourtant un invisible voire - écrit l'artiste - , la métaphore d’une vie nouvelle" et d'ajouter "en défaisant l’habit,, je le transforme et le fais évoluer". L’image devient ellipse du corps lancé.

Jean-Paul Gavard-Perret

Manon Gignoux, Eponyme, Derrière la salle de bains, octobre 2019, 5 euros

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