Cet ouvrage majeur donne corps et présence à l’œuvre d’Orlan, depuis ses premières performances (Corps-sculpture sans masque - 1964), jusqu’à ses hybridations numériques les plus récentes, en passant par ses neuf Opérations-Chirurgicales-Performance (années 1990). L'ensemble est mis en perspective par une interview de l'artiste et des essais de Manuela de Barros, Emilie Bouvard, Julie Crenn, Elsa Dorlin, Florian Gaité, Maura Reilly, Annabelle Ténèze.
J’ai changé de visage, j’ai vendu mes baisers d’artiste et je vends ma chair sans que le ciel me soit tombé sur la tête. J’ai agi sans avoir peur, en ne me sentant aucunement influencée ou menacée par la peur collective et ancestrale de toucher à l’intégrité du corps, écrit l'artiste qui dès le début de son périple décida de ne plus avoir de date de naissance, recréa son identité en une réappropriation totale d'elle-même.
Son nom lui-même fait partie de sa réinvention du moi en une rupture avec la filiation du père et le corps de la mère. L'artiste se met en corps dans son œuvre comme elle met en œuvre son corps. Sculptrice d'elle-même dans une performance techno-organique générale elle demeure  un personnage conceptuel, une entité dont la vie se donne à elle seule comme pensée.

Jean-Paul Gavard-Perret

ORLAN, Manifeste ORLAN, éditions Manuelle, mai 2022, 192 p.-, 50€