Barbara Polla hôtesse des airs

Très sensible dans ses symboliques aux éléments phalliques, la très impertinente et rieuse Barbara Polla - transforme son nouveau livre en rallonge de son Éloge de l’érection (éditions Le Bord de l’Eau, 2016) .

En apparence elle instruit une problématique proche d'un sinistre premier. Et son héroïne qui fantasme - une fois n'est pas coutume - plus les grutiers que les pompiers en est fort marri. Les premiers sont des hommes fidèles pas question de batifoler avec eux. Dès lors se rabattre sur leur grue - quelle qu'en soit la nature - semble la meilleure issue possible.

En parque blême son heroïne hante des chantiers dans son difficile rapport à la réalité. Le grutier n'ayant en rien de l'amant idéal la grue - qui est sans doute moins oiseau que femme légère - fait donc l'affaire. Pour autant Barbara Polla évite toute extrapolation et dévergondage. Enfin presque. Mais la savante femme trouve toujours un alibi à ses avanies : celles qui voient le mâle partout sont des obsédées sexuelles...

 

Barbara Polla propose bien des divagations farcesques. Il n’est donc pas jusqu’à l’écriture féminine d’appeler à la figure altière des chantiers pour renforcer le désir, prolonger l’attente et augmenter l’impatience au moment où ce qu’on appelle écriture est chauffée à blanc. Après deux millénaires masculins l'auteure prouve que l’érection des grues comme de l'écriture n’est pas affaire d’hommes. Son texte mélange le chaos et l’ordre, par élévation perverse - grue oblige.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Barbara Polla, Julien Serve, Moi la grue, coll. les Oubliés, éditions Plaine Page, 2019, 10 euros

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